Le Chant d’Achille, de Madeline Miller

J’arrive, chers lecteurs, bien après la bataille, je le sais bien. Et pourtant, comment ne pas succomber à la tentation de parler du Chant d’Achille de Madeline Miller, que j’ai pris plaisir à lire avec Ornella Lorme et Déjeuner sous pluie. De la même autrice, j’avais déjà lu (et succombé à) son roman Circé. Le Chant d’Achille a été écrit plus tôt et démontre en cela les évolutions dans le style de l’autrice, que j’ai trouvé plus maladroit dans ce livre. Mais était-ce une mauvaise expérience pour autant ? Ô que non !

En quelques mots : Patrocle rencontre un jour Achille. Et cette rencontre change sa vie. Devenu l’ami de cœur du célèbre guerrier, Patrocle entre dans la légende malgré lui, à ses côtés. Il est celui qui, toute sa vie durant, sera le soutien indéfectible d’Achille. Le seul, peut-être, à jamais l’avoir connu réellement, dans toute sa splendeur, mais aussi avec ses défauts et ses démons intérieurs. Celui qui est sa raison d’être, d’avancer, de se battre.

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Ombre & lumière

Comme elle l’a fait avec Circé dans son roman éponyme, Madeline Miller prend une nouvelle fois un personnage secondaire de la mythologie grecque pour en faire son protagoniste. Ici, ce n’est pas le fameux Achille qui raconte son histoire à la première personne, mais le plus oublié Patrocle, son ami de toujours (voire un peu plus). Et ce côté outsider est d’autant plus mis en avant dans le propos du livre que les deux personnages s’opposent frontalement sur ce point : Achille est le rayonnant, celui qu’on voit, qu’on célèbre, qu’on adule ; tandis que Patrocle est ce personnage de l’ombre, qu’on néglige, qu’on oublie. Pourtant, le premier est-il plus heureux que le second ? Toute la question est là.

Le rapport aux autres est au cœur du roman, avec un Patrocle qui n’a besoin, pour être heureux, que du regard d’Achille. Tandis qu’Achille, malgré tout son amour pour Patrocle, n’est pas capable de ne se contenter que de lui. Alors même qu’il semble avoir tout pour lui, Achille a besoin du regard et de l’approbation des autres pour être heureux car il a pris l’habitude de briller, d’être au centre de l’attention de tous. Un besoin viscéral, entre envie et pression, dont il ne sait plus se défaire. Il est pris entre ses désirs personnels et les ambitions que tous, humains et dieux, ont pour lui. Et à l’opposé, Patrocle, bien au contraire, délaissé depuis toujours, navigue entre détresse de se sentir abandonné et liberté de n’être conduit que par ses propres aspirations. Il peut alors se défaire du jugement des autres, pour ne lier son bonheur qu’à celui de ceux qu’il aime (et qui l’aiment) sincèrement. Et cela, Achille n’est capable de le voir que dans son ultime chant du cygne, son dernier acte de guerre au nom de Patrocle.

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Le mot de la fin

Malgré un début un peu plus difficile, Madeline Miller a su une nouvelle fois me charmer en m’entraînant en plein cœur des mythes grecs auxquels elle sait redonner vie à merveille. L’autrice a ce talent si particulier de savoir humaniser ses personnages à l’excès. Au point que leurs histoires deviennent intimes, brouillant la limite entre fiction et réalité. Encore une émouvante histoire d’amour sur fond de guerres, qu’elle met en lumière dans Le Chant d’Achille.

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