Circé, de Madeline Miller

Ce mois-ci, j’ai eu le grand plaisir de découvrir Circé de Madeline Miller, grâce à une lecture commune avec Déjeuner sous la pluie et Ornella Lorme. C’est cette dernière qui m’avait offert le roman que je ne connaissais que de réputation grâce à la blogosphère, et ça a été l’occasion pour toutes les trois de les sortir de nos PAL respectives. Avec beaucoup d’enthousiasme à l’idée de lire une réécriture moderne du fameux mythe grec, sur cette femme forte trop souvent réduite à l’image de sorcière décrite dans L’Odyssée.

Fille du dieu soleil Hélios et de la nymphe Persé, Circé est rejetée de tous : son physique jugé ingrat et son absence de pouvoirs en font une paria aux yeux des dieux. Mais alors qu’elle peine à trouver sa place au sein de ce monde, la découverte de pouvoirs insoupçonnés remet en perspective sa position et son destin.

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Modernité & féminisme

L’autrice, professeure, affiche clairement la volonté première de son roman : faire (re)découvrir, sous une forme plus moderne, la mythologie grecque à ses lecteurs (et particulièrement aux plus jeunes). Et force est de constater que le pari est plus que réussi. Même en ayant moi-même un peu de connaissances en mythes et légendes (sans être une spécialiste, loin de là, puisque je m’emmêle très facilement les pinceaux !), j’ai découvert énormément de choses avec ce roman et, ce qui m’a le plus surprise, bien au-delà de la seule histoire de Circé. Circé est le point de départ, celle qui raconte de son point de vue, mais autour d’elle s’entrecroisent énormément d’autres destinées de dieux et de héros, de créatures et de mortels. Pour ceux qui n’en connaissent rien ou presque, c’est une excellente première approche (et qui clarifie très bien les liens entre les uns et les autres, ce qui est le plus difficile à mes yeux !). Pour ceux qui en connaissent beaucoup plus, c’est aussi l’occasion de porter un regard neuf, de sortir du cadre de la légende pour essayer de comprendre les personnages derrière, dont Madeline Miller développe merveilleusement bien la psychologie.

Et justement, dans la mythologie grecque, Circé est principalement connue pour être la sorcière qui transforme les compagnons d’Ulysse en cochons lors de leur périple décrit dans L’Odyssée d’Homère. Or, cette histoire ne donne finalement qu’un point de vue parcellaire des évènements : celle des hommes, pour lesquelles une femme forte et indépendante, à l’époque, ne pouvait qu’être maléfique. Avec son roman, Madeline Miller rétablit les équilibre en redonnant la parole à Circé. Le récit est raconté par le point de vue interne de Circé, qui laisse la place belle à son ressenti, et l’autrice joue beaucoup avec cette notion de regards et de jugements. En effet, tout le début de l’intrigue est marqué par la soumission de Circé au regard de son père, sa mère, sa sœur et ses frères, qui la rabaissent et ne lui permettent pas d’être elle-même. Ce n’est qu’en s’affranchissant du regard des autres qu’elle se révèle et dévoile son plein potentiel.

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Le mot de la fin

Une très belle découverte pour moi que Circé de Madeline Miller, à commencer par un style d’écriture incroyablement fluide : les mots glissent sous les yeux et les pages s’enchaînent sans difficulté. Le côté réécriture, ensuite, est également très bien maîtrisé, reprenant les motifs du mythe original pour le moderniser, le rendre plus accessible au lecteur moderne, sans renier le matériaux premier mais tout en apportant de nouveaux messages fortement d’actualité. Un vrai plaisir à lire !

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