Incapable de résister après ma relecture du tome 1, j’enchaîne aussitôt avec le tome 2 de L’Épée de Vérité : La Pierre des Larmes, de Terry Goodkind. J’étais très hésitante face à l’épaisseur particulièrement impressionnante de ce deuxième tome, ne sachant trop s’il saurait préserver la fraîcheur du premier pour me donner envie de continuer. Et je dois dire que j’ai été très agréablement surprise à ce niveau-là, y trouvant même de nouvelles thématiques abordées de façon intéressantes, tout en me menant une nouvelle fois à l’aventure.
Avec le soutien de Zedd, Kahlan et Chase, Richard a enfin vaincu Darken Rahl. Le solstice d’hiver est passé et le monde est toujours libre. Mais en voulant faire le bien, Richard a peut-être provoqué un plus grand mal : désormais le Gardien du monde des Morts menace d’envahir le monde. Pris au piège par des migraines qui menacent de le tuer, Richard est abordé par les Sœurs de la Lumière qui promettent de l’aider à les faire cesser en apprenant à contrôler son Don. Mais, pour cela, il doit quitter Kahlan et, pire encore, il doit prendre le risque de revivre le cauchemar vécu avec les Mord-Siths en remettant son destin et sa liberté entre les mains des Sœurs.
Perte & reprise de contrôle
Dans ce deuxième tome, une idée s’impose très vite comme centrale à l’intrigue : celle de la folie. Installée par le premier tome, où Richard avait été torturé jusqu’à être brisé par les Mord-Siths, la folie de Richard est liée à deux composantes : la souffrance (qu’elle soit physique ou psychologique) et l’absence de liberté. Or, ces deux composantes renvoient à un même sentiment d’impuissance, une perte de contrôle totale sur soi-même et son destin (le même qui peut tétaniser une victime lors d’un viol, par exemple, ou d’une autre situation traumatique). L’humain se caractérise par sa force d’être (d’où « être humain », oui, oui) qui s’exprime par sa capacité à faire. Ne plus pouvoir faire (être soumis totalement au pouvoir d’un autre), c’est aussi avoir l’impression de perdre sa capacité à être. Un reniement total de soi, une objectification de l’être. C’est un sentiment de perte terrible et complexe que Goodkind a su merveilleusement retranscrire dans ce tome où Richard est en pleine répercussion traumatique suite à sa captivité du tome 1. Plutôt que de dire, mettre des mots sur cette souffrance de Richard, l’auteur a su trouver le moyen de montrer par les actes ses tourments intérieurs, où peur et souffrance se mêlent jusqu’aux abords de la folie. Pour y échapper, Richard, tout au long de ce tome, doit apprendre à se reconstruire et à accepter que celui qu’il sera désormais n’est plus celui qu’il était avant.
Et l’autre thème central de ce roman, selon moi, est celui qui vient justement contrebalancer totalement le premier et offrir, peut-être, une possibilité de guérison à Richard : celui du prédéterminisme. Richard, comme beaucoup de héros de fantasy, se trouve au centre d’une (voire de plusieurs) prophétie(s). Ainsi, à l’instar des héros des tragédies grecques, Richard n’est pas maître de son destin : ses actes sont comme prédéterminés à le conduire vers un chemin tout tracé, destiné qu’il est à accomplir la prophétie. Cependant, le cœur du roman tourne autour du fait que les prophéties sont à embranchement. Ainsi, tout l’enjeu est de faire basculer le destin d’un côté ou de l’autre. Et cela, au final, seul Richard a pouvoir d’agir dessus. Tout l’enjeu du roman (et donc du monde !) repose sur son libre-arbitre. Ce contrôle perdu sur lui-même, il le prend sur l’ensemble de l’humanité, prenant une sorte de revanche sur ce qu’il a vécu. Il va même jusqu’à combattre les prophéties elles-mêmes, les dieux en quelque sorte, et donc commettre le plus mortel des pêchés en tragédie : l’hybris, l’affront fait aux dieux. Car pour guérir, Richard a besoin d’être libre d’agir comme il le souhaite sans limites ; de reconquérir sa force d’être/
Le mot (un peu long) de la fin
Avec La Pierre des Larmes, j’entrais dans la partie inédite de L’Épée de Vérité pour moi. Je quittais le chemin balisé du premier tome que je savais avoir aimé pour me plonger dans l’inconnu d’une nouvelle histoire. L’univers saurait-il se renouveler ? Les personnages rester ceux que j’ai appris à aimer ? L’intrigue garder la fraîcheur du premier tome ? Les thématiques évoluer et s’enrichir ? Oui, à tout ça et plus encore ! Une fois de plus, Terry Goodkind m’a menée à l’aventure mais m’a, en plus, donné une matière à réflexion franchement bien amenée. Sans se départir de son action haletante, l’auteur pose des sujets aussi complexes que le traumatisme, la folie, le prédéterminisme ou le libre-arbitre. En un mot comme en cent : c’est magistral.
Si j’avais un seul reproche à faire à ce stade-là de la saga, ce serait celui du « toujours plus » ; la propension de certaines séries à affronter des dangers toujours plus grands, des adversaires toujours plus méchants… Après Darken Rahl, c’est carrément le maître de la mort lui-même qu’affrontent Richard et ses comparses. C’en est à se demander comment la saga compte monter encore en intensité dramatique dans les tomes suivants. Ce n’est pas encore vraiment problématique à ce stade, mais la question pourrait se poser pour la suite. En attendant, je suis encore plus qu’enthousiaste à lire la suite pour le découvrir !
Bonjour, j’ai été comme vous passionnée par les premiers tomes de l’épée de vérité.
Puis par la suite, (la suite comporte de nombreux tomes…) la surenchère vers le sadisme gratuit et malsain que subissent les héros et les personnages m’a éloigné définitivement des ouvrages de cet auteur.
Ce n’est que mon avis, bien entendu 😊
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Je comprends cet avis ! Plusieurs lecteurs ont évoqué une lassitude passé un moment, de trop voir les mêmes schémas se répéter. Ayant seulement fini les 4 premiers, je suis pour l’instant très heureuse de voir les thèmes se renouveler avec intérêt mais je garde cet avertissement en tête pour la suite, histoire de ne pas être déçue ! Et la personne me prêtant les livres s’étant arrêtée au tome 11, je pense également m’arrêter là pour le moment, les avis sur la suite étant très divergeant d’un avis à l’autre^^
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