Le Cœur perdu des automates, de Daniel Wilson

       Offert par mon cher et tendre, Le Cœur perdu des automates de Daniel Wilson est un roman one shot steampunk dont je n’avais pas encore entendu parler, c’était donc pour moi une plongée dans l’inconnu. La temporalité, à mi-chemin entre notre siècle aux USA et le XVIIIe siècle en Russie, promettait du dépaysement. L’intrigue, à base de société secrète d’automates sur le déclin, promettait de l’action et du rebondissement. Une recette qui a de quoi plaire, et qui a globalement tenu ses promesses, même s’il m’a manqué un petit quelque chose.

cli8-1-2 - Copie     Fascinée par les mystères de l’Histoire, et notamment par la relique transmise par son grand-père, June vit pour l’archéologie, spécialiste des automates d’un autre temps. Mais cette passion l’embarque dans une histoire bien plus vieille qu’elle : celle de Pierre, un automate réveillé au XVIIIe siècle à Moscou et en guerre, depuis, contre certains de ses semblables. Son espèce immortelle est aujourd’hui en danger d’extinction, car le secret de leur fabrication est depuis longtemps perdu. Mais June pourrait bien détenir la clef de cette énigme.

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Quête de sens & aventure

     Le roman est construit sur la mise en parallèle entre deux époques (voire davantage sur la fin) entre lesquels on effectue des sauts d’un chapitre à l’autre. Le principe, bien que déjà vu, ne manque pas d’intérêt, et aide à maintenir le suspense intact d’un chapitre à l’autre. De plus, le fait qu’un personnage central existe dans les deux temporalités permet de constater son évolution spirituelle en quatre siècle. On perçoit, de plus en plus prégnante, son besoin de trouver un sens à sa vie, une raison d’exister, besoin qu’il partage avec ses semblables. Pourquoi sont-ils sur Terre ? Qui les a créé ? Comment ? Doivent-ils attendre le retour promis des « Premiers Humains » ou œuvrer à améliorer la société actuelle ? Très proche d’un questionnement philosophique, le parallèle est facile à faire avec les grandes questions théologiques qui ont motivé l’humanité dans son propre développement.

     Véritable roman d’aventures, avec un petit côté Indiana Jones version steampunk, Le Cœur perdu des automates est riche en rebondissements forts et captivants. Mais ce gros atout du roman est peut-être aussi source indirecte de quelques une de ses faiblesses. En effet, cette place prépondérante accordée à l’action peut jouer sur le manque parfois flagrant de subtilités d’écriture et développement des personnages. Le background des automates via les différentes temporalités est pourtant très prometteur, mais le seul personnage humain est beaucoup trop parfait pour permettre l’identification et pour sembler vraisemblable. Les coïncidences semblent trop forcées, les ficelles font fortement penser à des situations de romance (mais sans romance, puisque le héros n’est pas humain) et quelques longueurs se font sentir sur le dénouement, pour amener qui plus est une fin ouverte (ce qui ne sera pas un défaut pour tout le monde mais que je ressens toujours comme éminemment frustrant). Tout un tas de détails qui n’enlèvent pas à la bonne qualité générale du roman mais qui l’empêchent de passer un cran au-dessus.

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Le mot de la fin

     Le Cœur perdu des automates est une lecture très agréable, pleine de suspense et d’aventures, qui interroge sur la notion d’humanité et la quête de sens. À mi-chemin entre de la SF historique et du steampunk, l’univers créé est assez captivant. Les références historiques permettent de donner un réel sentiment d’authenticité à cette histoire, laissant planer le fameux « et si.. » qui donne l’impression que ça pourrait effectivement se produire autour de nous. Néanmoins, l’héroïne humaine (à peu près seule représentante de notre espèce) est un peu trop parfaite pour permettre l’identification et la fin du roman tire un peu trop en longueur pour que je puisse éprouver un enthousiasme débordant pour ce livre. Daniel H. Wilson nous propose là de très bonnes idées, qui mériteraient d’être perfectionnées mais qui font tout de même passer un très bon moment de lecture.

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