Les Veilleurs 2, de Jean-Luc Bizien

Suite directe du tome 1, Les Veilleurs de Jean-Luc Bizien poursuit les déambulations de nos héros dans un Paris ravagé par un virus transformant les Hommes en monstres dans ce deuxième volet. Comme dans le premier, on commence in medias res, pour une immersion pleine d’action.

La pandémie continue à se répandre dans le Paris confiné : goules, vampires et loups-garous se font de plus en plus nombreux dans les rues tandis que les derniers résistants humains s’entassent dans des repaires de moins en moins sûrs. Mais la grossesse de Marie représente le premier espoir concret de l’humanité : celui d’un vaccin imminent. Cela ne pourra néanmoins se faire que grâce à la collaboration des différents humains survivants, ce qui ne semble pas acquis d’avance.

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Action & actualité

Une nouvelle fois, l’action de ce deuxième tome nous embarque pour une ruée en plein Paris dévasté. Et contrairement au premier tome, l’action sait, cette fois-ci, oublier un peu ses personnages pour se recentrer sur son intrigue. La foultitude de personnages qui avait un peu trop pris le pas sur l’intrigue du premier tome a été réduite pour se concentrer sur quelques personnages réellement principaux et la longue exposition s’est ainsi vu réduite au profit d’une avancée majeure de l’intrigue. Et cette intrigue nous donne des perspectives vraiment intéressantes pour la suite, nous faisant nous interroger sur les notions d’humanité et d’inhumanité, sur la différence entre vivre et survivre, sur la difficulté des choix qui s’imposent à chacun en temps de crise, entre confiance innée et collaboration forcée.

Alors qu’il ne concerne qu’un seul chapitre sur un livre de plus de 200 pages, un dialogue m’a particulièrement marquée dans ce second tome, en rapport avec l’actualité. En plein milieu de l’intrigue, deux personnages se posent pour faire connaissance en discutant. En soit, cela aurait pu passer tout seul s’ils n’avaient décidé, au milieu de ce récit post-apo, de discuter de notre actualité de 2020. Ce chapitre, qui donne un peu l’impression de pièce rapportée collée-là à la hâte, m’a pas mal dérangée car il prend le temps, sur une dizaine de pages, d’analyser l’incidence sociétale de l’incendie de Notre-Dame et de la crise du Covid-19. Étant donnée la thématique pandémique du roman, ce n’est pas forcément déplacé mais le côté analytique va, pour moi, un peu trop loin. Selon moi, ce genre d’analyse doit se faire en sous-texte, les liens créés par le lecteur en fonction des indices que laisse l’auteur et non être livré tout cuit dans la bouche. L’auteur prend ici le pas sur le travail du lecteur, le confortant dans une lecture passive au lieu de s’en remettre à son intelligence. Au final, ce qui m’a dérangée dans ce dialogue, ce n’est pas tant le sujet ou l’analyse, que je trouve intéressants en soi, mais la façon de l’amener et son côté infantilisant : il m’a donné l’impression de ne pas savoir faire le lien moi-même, d’avoir besoin que l’auteur fasse tout le boulot pour moi. Et c’est bien dommage car, bien amené, le sujet de cette saga se serait parfaitement prêté à une telle réflexion.

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Le mot de la fin

Quand le tome 1 était un peu long à démarrer mais proposait une exposition efficace, ce tome 2 des Veilleurs de Jean-Luc Bizien prend vraiment la mesure de son potentiel pour faire évoluer son intrigue vers des sujets pertinents et inattendus. Le chapitre sur l’actualité 2020 mis à part, maladresse unique que j’ai à relever, les thèmes abordés à la progression tout en souffle de l’intrigue captivent, tout comme l’évolution de ces personnages auxquels on s’est attachés depuis le tome 1. Le tout marqué par une plume maîtrisée me fait attendre le tome 3 avec beaucoup d’enthousiasme.

2 réflexions sur “Les Veilleurs 2, de Jean-Luc Bizien

    • Je comprends tout à fait ! On a besoin de la fiction pour se changer un peu les idées en ce moment. Et malgré la thématique pandémique de cette saga, elle restait assez fantasy pour me faire oublier l’actu jusqu’ici, mais cet unique chapitre y revenant m’a beaucoup gênée et je me dis que ce n’est pas plus mal de le lire hors de cette période encore trop présente.

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