La Trilogie du Tearling 1, d’Erika Johansen

    Cadeau d’une amie très enthousiaste, je ne savais trop à quoi m’attendre en commençant le tome 1 de La Trilogie du Tearling : Reine de cendres d’Erika Johansen. L’univers fantasy me tentait bien, mais la place centrale des femmes m’inquiétait un peu, souvent prétexte à BEAUCOUP TROP de romances à mon goût. Et au final, je partage totalement l’enthousiasme de mon amie ; l’auteure m’a entraînée sur un terrain auquel je ne m’attendais pas forcément, elle m’a même carrément surprise parfois et cela m’a beaucoup plu. Livre dévoré et savouré, j’ai déjà hâte de lire la suite.

cli8-1-2 - Copie     Élevée à l’écart de tout, Kelsea doit aujourd’hui affronter son destin : rejoindre la capitale du Tearling pour endosser son rôle de reine. Mais à tout juste 19 ans et face à un oncle-régent tyrannique qui est tout ce qui lui reste comme famille, Kelsea va devoir lutter pour survivre et s’imposer dans cet univers d’hommes. Entre sa mère dont on a toujours refusé de lui parler et un père dont tout le royaume ignore l’identité, elle manque de modèles pour se construire et doit affronter seule le danger venu de l’est : la Sorcière Rouge qui vit de conquêtes militaires et d’esclavagisme.

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Féminisme & manichéisme ambivalents

       En apparence, La Trilogie des Tearling propose un univers de medieval fantasy somme toutes assez classique avec une reine, des gardes, des épées et des châteaux. Pourtant, très vite au fil du récit, de petits indices nous font tiquer sur la temporalité du récit : des références à la « Nouvelle Europe », des savoirs et techniques perdues lors d’une « Grande Traversée », des références à des artistes qui nous sont familiers… Autant d’indices qui nous font comprendre que l’intrigue se situe en fait dans un univers postérieur à notre ère, ayant connu un grand chamboulement qui a fait régresser au moins cette partie de l’humanité. Un univers donc bien plus original et surprenant qu’il n’y paraît, qui laisse planer encore plein de mystères à la fin de ce premier tome. Et un univers qui pousse à se questionner sur un fait surprenant : la place prépondérante des femmes dans l’intrigue. Il semble posé, dans cet univers, que les royautés sont toutes féminines. Entre Kelsea, sa mère et la Reine rouge, il n’est jamais question de roi au pouvoir ; ce sont les reines qui dominent. Une idée intéressante, qui permet de déconstruire les principes de masculinité toute-puissante auxquels on est habitué, sans pour autant mettre tant que ça l’accent dessus, dans le sens où le fait n’est jamais questionné dans l’histoire. L’âge de Kelsea est souvent questionné. Son inexpérience, son éducation, ses compétences… Mais jamais son sexe. Qu’une femme soit au pouvoir n’a rien de spécial, c’est la norme dans cet univers et ça amène plutôt le lecteur à se questionner sur la raison pour laquelle cela attire son attention : justement parce que la norme inverse régit notre quotidien.

       Si les personnages paraissent tout d’abord soit tout noirs, soit tout blancs, ils s’avèrent finalement plus subtiles qu’il n’y paraît. Le fait est qu’il y a les grands gentils et les grands méchants dans ce premier tome, identifiables à la première ligne de dialogue. Pourtant, de savants jeux de points de vue permettent de remettre tout ça en perspective : lors de brèves incursions dans l’intimité des antagonistes, l’auteure nous fait subtilement comprendre que le manichéisme des personnages n’est pas si évident. Les agissements de la Reine rouge sont certes terribles, mais regrets et culpabilités baignent aussi certains de ses actes, laissant sous-entendre qu’ils ne sont que l’instrument d’un projet plus grand pour rendre le monde meilleur. Le comportement de l’oncle est horrible et n’a pas de justification plus grande, mais son point de vue permet aussi de comprendre (si ce n’est accepter) ses actes : il n’a pas conscience de faire quelque chose de mal, puisque son comportement a toujours été jugé normal, que ses valeurs entre bien et mal ont été totalement faussées par l’indigence des personnes l’entourant. Persuadé qu’il est d’être aimé des femmes qu’il rabaisse, par exemple, il n’a pas conscience de les instrumentaliser. S’il y a des héros à chaque histoire, l’auteure n’en oublie pas de nous rappeler aussi que l’Histoire est racontée par les vainqueurs et que les méchants le sont rarement par pur goût de la méchanceté mais ont des raisons d’être qui leur sont propres.

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Le mot de la fin

         Ce premier tome de La Trilogie du Tearling : Reine de cendres d’Erika Johansen a vraiment tout pour plaire. En partant d’une base assez simple qui semblera familière au lecteur, l’auteure réussit à imposer un univers surprenant, bien plus complexe qu’il n’y paraît. Univers, personnages et thématiques ne se laissent pas dévoiler au premier coup d’œil, dévoilant petit à petit des facettes cachées qui font leur profondeur et ne lassant pas de nous surprendre pour mieux nous happer. À l’instar du phénomène fulgurant qu’a été Le Trône de Fer, je pense que La Trilogie du Tearling peut prétendre au même succès car elle repose sur le même mécanisme : une magie en trame de fond qui se dévoile petit à petit pour mettre en valeur ce qui est au cœur du roman, à savoir les personnages et leurs intrigues de pouvoirs. Un roman qui peut parler aussi bien aux amateurs de fantasy qu’aux moins initiés et dont j’attends déjà avec impatience l’adaptation cinématographique promise avec Emma Watson à l’affiche.

6 réflexions sur “La Trilogie du Tearling 1, d’Erika Johansen

  1. J’ai terminé le tome 2 cette semaine et l’univers se complexifie beaucoup, avec beaucoup d’originalité aussi ^^ On passe d’un genre à un autre, c’est assez intéressant, sans que la romance soit essentielle, comme tu le soulignes. Je suis certaine que le tome 2 va te plaire 😉 Je me lance bientôt dans le tome 3, j’espère garder le même enthousiasme 😉
    Le personnage de Kelsea est juste génial, avec ce qu’il faut de noirceur 🙂

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    • Aïe aïe aïe, j’essaye de résister à l’envie d’acheter la suite dès maintenant, mais je sens que ça va être difficile xD
      Kelsea me laisse un peu perplexe par moments : grandiose parfois et totalement butée à d’autres moments. En même temps, c’est aussi ce qui fait son réalisme, ça reste une jeune adulte qui endosse un rôle dantesque ! Mais j’avoue ne pas toujours l’adorer, du coup :p

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  2. Ça fait un moment que je l’ai acheté et j’ai toujours aussi peur de le commencer. Il a tellement été encensé que je pense avoir un peu trop d’attentes. Mais l’univers fantasy m’intrigue tout comme découvrir la place des femmes et l’évolution de l’héroïne.

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    • Pour le coup, je n’en avais pas du tout entendu parler avant qu’on ne me l’offre (et que je le commence quasiment dans la foulée). Donc j’avais la chance de n’en rien attendre, et ça n’a été qu’une bonne surprise. C’est toujours difficile d’aborder une œuvre pour laquelle on a un trop grand horizon d’attente, c’est le meilleur moyen d’être déçu selon moi (c’est pour ça que j’avais beaucoup traîné à commencer la Passe-Miroir, par exemple) mais parfois, il faut savoir se laisser tenter. Pour le coup, mon argument serait surtout d’essayer de le lire avant que l’adaptation ciné ne se concrétise mais je pense que ça laisse encore pas mal de temps^^

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