Erika et les princes en détresse 1, de Yatuu

      Bande dessinée dont le premier tome est entièrement disponible gratuitement sur son blog, Erika et les princes en détresse de Yatuu déconstruit l’image de la masculinité avec humour tout en apportant une aventure fantasy prenante et pleine de rebondissements. Une BD drôle, féministe et passionnante à découvrir sans restriction.

cli8-1-2 - CopieHéritière du royaume de Brute, l’intrépide Erika refuse de se marier pour accéder au trône comme l’exige la tradition. Sa mère, l’implacable reine de Brute, ne l’entend pas de cette oreille. Aussi, conviennent-elles d’une quête à remplir : si Erika parvient à sauver les princes en détresse du royaume, elle pourra gouverner seule. Mais sa mère espère bien qu’elle échouera dans cette tâche ou, plus encore, qu’elle succombera au charme de l’un de ces pauvres princes éplorés.

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Déconstruction par l’absurde & enseignement par l’humour

     Loin de nous faire des leçons de morale comme on peut parfois le craindre de la part d’œuvres engagées (souvent à tord, d’ailleurs, mais c’est un autre débat), Erika et les princes en détresse ne martèle par son message féministe mais le distille par l’exemple. De fait, Yatuu créé un univers où les stéréotypes de genre sont inversés : les femmes sont brutes et bagarreuses quand les hommes sont hyper-sexualisés et sensibles. Et autour de ça, elle nous plonge dans une histoire qui va mettre nos personnages dans des situations qui auraient tout eu de banales dans un autre contexte mais qui, ici, nous prouvent toute l’absurdité de cet état de fait : entre une princesse qui ne pense qu’à botter des culs, un prince qui se bat à coups de gâteaux sucrés et des clientes de tavernes qui harcèlent des serveurs sans défense, on rit mais on voit bien que quelque chose cloche.

     Yatuu ne nous enseigne pas de leçons, elle nous donne l’occasion d’en tirer par nous-mêmes. Pourquoi trouve-t-on comique de voir un jeune prince avoir comme idée première de faire le ménage et la cuisine quand il se retrouve dans une maison de naines alors que ça paraissait si naturel dans Blanche-Neige ? Parce que c’est un comportement jugé féminin et que son détournement vers un rôle masculin en montre l’absurdité. Parce qu’aucun homme n’aurait cette idée. Mais une femme l’aurait-elle ? Non plus. Pourtant, on le croit volontiers depuis des générations. Alors qu’on ne le devrait pas. Et là, justement, on a l’occasion de s’en rendre compte par nous-mêmes. De ça, et de plein d’autres petites idées reçues disséminées ici et là dans notre culture commune sans même qu’on s’en rende compte instinctivement.

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Le mot de la fin

      Erika et les princes en détresse est une BD à mettre entre toutes les mains. Le message, simple et efficace, passe entièrement par le non-dit : seul l’exemple par l’absurde illustre l’idée principale véhiculée et cela suffit amplement. Yatuu n’explique pas, elle montre. Avec son crayon agréable et coloré, cette BD nous entraîne dans un univers de medieval fantasy drôle, assez loufoque et truffé d’aventures palpitantes qu’il me tarde de continuer dans le tome suivant.

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