Découvrons… La Passe-Miroir 1, de Christelle Dabos

     Ce livre a beaucoup fait parler et pourtant, avant même cette avalanche de critiques à son sujet, ce fût sa couverture qui, la première, attira mon œil au milieu d’un rayon. Il était donc tout naturel que je finisse par céder à cet achat et je n’en fus pas déçue même si mon avis sera peut-être plus modéré que beaucoup de ceux que j’ai pu voir en ligne. Même si j’aurais aimé découvrir une héroïne autrement plus charismatique – elle a beau commencer à gagner en assurance, je la trouve tout de même affreusement fade du début à la fin de ce premier tome -, d’autres personnages m’ont agréablement surprise. Quand je ne voyais en Thorn qu’en gros cliché sur pattes, je me suis finalement prise d’affection pour ce personnage mal dégrossi et totalement ambigu. De même, quelques autres personnages m’ont agréablement surprise, allant à l’encontre de la première image qu’on s’en faisait – je ne citerai aucun nom pour laisser la surprise à ceux ne l’ayant pas encore lu. Enfin, l’intrigue, prenante et bien ficelée, ne m’a laissé aucun répit et les pages sont sont enchaînées à une vitesse folle.

    L’histoire de base est plutôt désuète mais dénonce tout de suite une univers intéressant. Sur Anima, tous les habitants sont liés par le sang : ils sont tous les lointains descendants d’un « Esprit de famille », être quasiment divin au passé mystérieux, qui leur a transmis le pouvoir d’Animisme, c’est-à-dire de donner vie aux objets créer par l’Homme et plus, rarement, de traverser les miroirs pour se déplacer sur de courtes distances. Ophélie est l’une des plus talentueuses Animistes mais elle est bien plus douée avec les objets qu’avec les gens. Or, il est temps pour elle de se marier. Après avoir refusé deux époux potentiels, elle n’a plus le choix et se voit imposer un mari, Thorn, venu du Pôle, planète glaciale aux mœurs inconnues. Là-bas, différentes familles s’affrontent violemment avec des pouvoirs toujours liés à l’esprit et Ophélie, pauvre chose fragile, se retrouve bien malgré elle entraînée dans ces querelles de pouvoir.

Ligne horizontale      Familles & esprit.

     Dans l’univers de La Passe-Miroir, la famille est l’une des valeurs dominantes. En effet, comme nous l’avons dit plus haut, sur la planète d’origine d’Ophélie, tous les habitants ne forment qu’une seule et même famille. Les degrés sont certes si éloignés qu’ils ne se connaissent guère tous mais cela créé tout de même une forme d’égalité sociale parfaite : personne n’est inférieur ou supérieur puisque tous partagent le même sang. Il en va bien différemment au Pôle, où la population s’est divisée en différentes familles caractérisées par leurs pouvoirs propres. Ainsi, les inégalités sociales sont totales, ceux qui n’ont pas de pouvoirs sont traités à la limite de l’esclavagisme mais le sort des plus riches n’est pas forcément beaucoup plus envisageable, sans cesse sur leurs gardes à guetter la prochaine manœuvre du clan adverse. Cependant, personne ne semble se battre en son nom propre mais au nom de sa famille, quels que soient les sentiments -souvent bien peu agréables – qu’ils puissent par ailleurs entretenir. On se rend ainsi compte de l’importance de la notion de famille dans cette œuvre et, plus largement, de ce sentiment de fraternité qui lie toute une population sur Anima mais qui fait défaut à celle du Pôle.

       Au Pôle, justement, tous les pouvoirs sont liés à l’esprit : qu’ils permettent de modifier la perception de la réalité ou qu’ils jouent sur les récepteurs sensoriels de chacun, ils agissent toujours sur le cerveau d’autrui. Ainsi, ils forcent tous ceux qui veulent entrer dans le bal des pouvoirs à développer un fort caractère et un mental d’acier. De cette façon, Ophélie, qui n’a jamais eu besoin jusqu’alors de s’affirmer, doit désormais gagner en force et en assurance : cet univers hostile fait évoluer le personnage et, en quelque sorte, le façonne à son image. Pourtant, dès l’origine, le personnage n’est pas dénué d’intelligence, Ophélie n’a simplement pas développé son esprit pour ce genre d’intrigues politique et doit affûter ces capacités-là pour s’en sortir dans cette nouvelle société. Ophélie et Thorn, les deux héros, ne sont pas réputés pour leur force physique – Ophélie est toute petite et chétive tandis que Thorn est très grand et dégingandé mais tout deux donnent la même impression d’être un peu prisonnier de ces corps dont ils ne savent trop que faire – ainsi l’auteure met vraiment l’accent sur la prédominance de l’esprit et sur sa capacité à surpasser les possibilités de l’enveloppe charnelle.

Ligne horizontale      En bref :

      Ce livre a quelque chose d’implacable quand on le lit ; il est presque impossible de ne pas en enchaîner les pages à un rythme effréné car l’intrigue ne s’arrête jamais, ne laisse pas place aux temps morts mais, au contraire, nous entraîne toujours plus loin à l’intérieur de cet univers complexe et fascinant. On perçoit également une grande faculté d’adaptation et d’évolution des personnages mais aussi de l’univers en lui-même : en effet, l’on sent que ce monde très cloisonné est voué au changement à cause de l’arrivée de données nouvelles – passant par le biais d’Ophélie mais allant au-delà d’elle. Malheureusement, le roman use de nombreux clichés et rend, par conséquence, l’évolution à venir assez prévisible ; j’espère donc que le deuxième tome saura s’écarter de ce carcan déjà trop vu pour continuer à nous charmer tout en nous proposant plus d’inattendu mais il est bien certain que je continuerai cette saga sans hésitation.

22 réflexions sur “Découvrons… La Passe-Miroir 1, de Christelle Dabos

  1. Très jolie analyse! J’ai beaucoup aimé ta reflexion sur le thème de la famille.
    Je te rejoins totalement sur ton avis lecture, j’ai beaucoup aimé découvrir l’univers mais je suis un poil inquiète de la suite des événements! 🙂 J’ai le tome 2 qui m’attend sur mon étagère, on verra!

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    • J’ai aussi hâte de lire le deuxième, il faut dire que le premier tome nous laisse dans un suspense assez terrible (et j’ai entendu dire que le deux aussi finissait en cliffhanger, frustrant ! :p)

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    • Je pense qu’aucun livre n’est totalement exempt de clichés, tout ayant déjà été plus ou moins fait et les clichés aident à une compréhension rapide de l’univers mais le livre reste très très agréable à lire, donc j’espère qu’il te plaira^^

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  2. Je vais me lancer enfin dans cette lecture 🙂 J’espère l’apprécier ! Merci ta super chronique ! Mais dis moi, le thème des dragons est-il présent ? Car sur le quatrième de couverture on parle du clan des Dragons… Pourtant je vois que tu n’en parle pas ici et pour un challenge que je dois remplir au mois d’Avril la consigne donné est : Dragons. Du coup, je me demandais s’il entrait dans le thème ou non?

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    • Les Dragons, c’est le surnom d’une famille dont les pouvoirs sont très agressifs. Peut-être y a-t-il plus que cela caché derrière mais, dans le premier tome en tout cas, rien de plus n’est dit dessus donc aucun « véritable » dragon dans l’histoire, désolée ! ^^’

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