Découvrons… Millénium 3, de Stieg Larsson

     Dernier tome de la saga Millénium qui ait été écrit par Stieg Larsson, j’étais plus qu’impatiente de découvrir comment l’auteur quittait ses personnages avec cet opus intitulé La Reine dans le palais des courants d’air. Ce troisième tome enchaîne tout de suite dans la continuité des évènements du deuxième, nous retrouvons donc Lisbeth Salander en bien piètre état avec une Mikael Blomkvist toujours aussi décidé à lui venir en aide malgré elle.

     Lourdement blessée, Lisbeth est hospitalisée dans la chambre voisine de celle de son père, qui a lui aussi survécu à leur ultime duel. Elle est désormais accusée de tentative d’homicide, en plus d’autres charges qui demeurent sur elle malgré la recherche active du véritable auteur du triple homicide pour lequel elle était recherchée. Mikael Blokmvist, quant à lui, continue à mener l’enquête pour l’innocenter mais la rédaction de Millénium est secouée par le départ soudain d’Erika Berger qui doute pourtant de la sagesse de son choix.

      Médias & paraître.

       Si la saga Millénium a toujours parlé avec beaucoup d’honnêteté du journalisme et de ses méfaits autant que de ses bienfaits, on sent la critique encore plus poussée dans ce dernier tome. Le bon et le mauvais usage des médias sont mis en exergue, ici, grâce à une plongée dans une autre rédaction que celle de « Millénium » (nom du journal dans le livre) pour nous donner enfin un aperçu de l’envers du décor d’une grande rédaction, bien loin de la petite ambiance familiale de la rédaction de « Millénium ». Le côté enquête journalistique mais aussi les nombreuses questions d’éthique que le journalisme soulève occupent une grande place de l’intrigue. L’auteur n’indique ici pas de bonne conduite absolue à suivre mais dépeint des situations problématiques auxquelles diverses possibilités de réponses se dessinent, plus ou moins éthiques et morales.

       Dans la poursuite du tome précédent et de façon plus présente encore, on sent dans ce roman que Lisbeth se débat avec l’image qu’on a d’elle. Elle exprime pleinement la dichotomie qu’il peut y avoir entre ce qu’on est et ce qu’on paraît aux yeux des autres mais, surtout, elle exprime cette volonté d’être libre de montrer ce qu’elle veut, de ne pas avoir à se justifier de ce qu’elle est. À sa façon, toujours aussi particulière et atypique, elle s’affranchit ainsi du jugement des autres pour s’accaparer le droit d’être elle-même, dans toute sa force et sa splendeur. Elle rejette, ici, le besoin qu’on lui impose de justifier sa différence car elle choisit d’être différente et refuse d’être jugée (au sens même juridique du terme) pour cela puisqu’elle a beaucoup été accusée, dans le tome précédent, sur la base de cette apparente différence qui la caractérise.

      En bref :

     Du premier au dernier tome, la trilogie de Stieg Larsson ne m’aura jamais déçue. Si les personnages me rendent terriblement curieuse de découvrir les tomes 4 et 5, le fait qu’ils soient écrits d’une autre main que celle de leur auteur original m’y fera aller plus doucement. Je préfère me laisser le temps de me repaître du souvenir de ces trois livres qui m’ont fait frissonner et m’interroger de long en large. Sur ceux-là, aucun doute : lancez-vous même si le polar n’est pas votre genre de prédilection ; cela fait parfois du bien de sortir de sa zone de confort, surtout quand c’est pour découvrir un tel chef-d’œuvre.

14 novembre 20186 février 2019 by Adlyn Categories: Noirs, RomansTags: Air, Courants, Larsson, Lisbeth Salander, Mikael Blomkvist, Millénium, Palais, Reine, Stieg 9 commentaires