Après une éternité sans avoir lu de Pratchett, j’ai ressorti le tome XIX des Annales du Disque-Monde : Pieds d’Argile. Dans ce tome, on reprend le cycle du guet d’Ankh-Morpork, un guet que nous n’avions pas retrouvé depuis le tome 15, Le Guet des Orfèvres, et qui a bien évolué depuis ses débuts, entre promotions, ascension sociale et nouvelles recrues. Un tome que j’ai dévoré comme je n’en avais pas dévoré depuis longtemps.
Une série de meurtres est commise à Ankh-Morpork : un prêtre et un boulanger sont morts, tandis que le patricien Vétérini est victime d’empoisonnement. Et tandis que que Vimaire, Chique et Carotte se débattent avec des histoires de noblesse, Angua et la nouvelle recrue Hilare font face à des problèmes de féminité.

Préjugés & noblesse
Le Guet poursuit sur sa lancée du tome précédent en mettant au cœur de son intrigue la question de l’ « espècisme », à savoir le racisme entre différentes espèces (humains, nains, trolls, loups-garous, zombies, vampires…). Ce qui est d’autant plus intéressant à ce sujet dans ce tome, ce sont les nuances : plutôt que d’avoir des personnages profondément espècistes, opposés à des parangons de tolérance, on a tout une palette de personnages. Certains détestent effectivement tout ce qui n’est pas de leur espèce par pure haine, d’autres essayent juste de se rassurer grâce au lien communautaire et d’autres encore luttent contre l’espècisme mais sans réussir à se défaire de certains préjugés qui leur collent à la peau… Et à ça, vient s’ajouter une réflexion supplémentaire sur la discrimination en abordant la question tout aussi délicate de la féminité, que l’on ne doit pas exposer selon certaines cultures.
Et pour continuer sur les sujets polémiques, Pratchett parsème également ce tome de réflexions sur la noblesse : à la fois la vraie et la fausse noblesse, qui s’oppose sur la définition et la falsification de titre héréditaires, et à la fois sur des notions encore plus floues telles que la noblesse d’âme, que l’on peut estimer liée aux titres… Ou pas du tout. Autant de questions qui viennent valser sur l’équilibre fragile du pouvoir en place à Ankh-Morpork, que la noblesse en question peut tout à la fois consolider ou faire basculer.

Le mot de la fin
Le cycle du guet tient toutes ses promesses. Sous couvert d’intrigue loufoque et de personnages haut (très haut) perchés, l’auteur se sert une fois de plus de son œuvre pour faire passer des critiques acerbes plus ou moins subtiles. Il fait rire, rire noir ou rire jaune selon les contextes, mais s’échine aussi à faire réfléchir sur des problèmes de société tantôt actuels, tantôt intemporels.
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