De Grandes Espérances, de Charles Dickens

Classique parmi les classiques, j’ai pourtant attendu bien longtemps pour lire De Grandes Espérances de Charles Dickens. Ce n’est pourtant pas faute d’aimer l’auteur, comme vous avez pu vous en rendre compte avec mes articles sur Oliver Twist, David Copperfield ou Un Chant de Noël. Mais se lancer dans un Dickens, c’est tout une aventure. Le livre est long, le livre est dense, le livre est exigeant… Mais bon sang, qu’est-ce que le livre est bon aussi !

Le jeune Pip s’était toujours plutôt bien accommodé de sa condition de garçon modeste, destiné à reprendre l’atelier de son oncle. Cependant, lorsqu’il est brusquement plongé dans un milieu riche où il tombe amoureux d’une jeune femme de bonne famille, ses espérances pour l’avenir s’envolent. Persuadé d’être destiné à intégrer ce monde, il va tout faire pour réussir dans un milieu qui, pourtant, n’est pas le sien et ne le sera peut-être jamais.

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De l’empathie à la prise de distance

Ce que j’aime, chez Dickens, outre son humour grinçant, ce sont ses personnages. Malgré la distance temporelle, on se sent proche de ces héros pour lesquels on éprouve une empathie presque instantanée. Si elle est souvent proche de la pitié pour ces orphelins malheureux qui doivent faire face à une société cruelle avec eux, cette empathie s’égaye aussi de toute une palette de sentiments : en suivant ses péripéties, on se met dans les chaussures (quand ils en ont !) de ces personnages pourtant si différents de nous, comme perchés sur leurs épaules, à l’écoute de leurs sentiments les plus intimes. Et ce n’est pas différent ici avec Pip. La magie opère. On sent que l’auteur met beaucoup de lui-même en Pip et, quelque part, on y retrouve nous aussi une petite part de l’enfant qui sommeille en nous.

Pourtant, Pip est aussi un être profondément imparfait, qui lui-même manque beaucoup d’empathie pour les autres. Et en cela, malgré tout son côté très sympathique et touchant, on ne peut s’empêcher d’éprouver aussi une certaine distanciation vis-à-vis de lui. On reconnaît les difficultés auxquelles il fait face et la nature singulièrement bonne de son être qui nous donnent envie d’un bon dénouement pour lui mais on constate aussi que beaucoup de sa misère est provoquée par lui-même : ce sont ses mauvais choix, ses vices et ses négligences qui forgent son destin bien plus que le monde extérieur. Une plus grande empathie envers les autres et moins d’ambition auraient sans doute suffi à régler bon nombre de ses maux, ce qui change beaucoup par rapport aux aventures d’Oliver Twist ou de David Copperfield qui subissaient leurs destins bien plus qu’ils ne les provoquaient.

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Le mot de la fin

Encore un chef d’œuvre ! Si je ne peux pas prétendre aimer tous les livres de Dickens (oui Petite Dorrit, c’est de toi que je parle), je dois dire que je suis toujours scotchée par ce qu’il maîtrise le mieux : les histoires d’orphelins malheureux. Avec De Grandes Espérances, Dickens nous plonge une nouvelle fois dans la vie du XXIe siècle, se replongeant dans ses propres souvenirs d’enfance pour nous faire arpenter chemins de terre comme trottoirs dorés.

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