En ce mois d’Halloween, je me devais de faire un « 8 idées » thématique. Mais puisque j’ai déjà proposé une « 8 idées de lectures (dé)conseillées pour Halloween » en 2018, il me fallait trouver un nouvel axe. Quoi de mieux, donc, que cette figure emblématique d’Halloween qu’est la sorcière ? Voyons donc voir comment elle s’est illustrée en littérature.
1 – Médée, d’Euripide (431 av. JC)
Parmi les célèbres sorcières de la littérature, Médée est l’une des premières à être apparue dans la mythologie grecque et reprise au théâtre comme l’héroïne d’une tragédie éponyme. A l’époque déjà, Euripide fait preuve d’une ouverture d’esprit assez inédite en repoussant l’image traditionnellement misogyne de cette sorcière mangeuse d’enfants pour lui donner une âme, des sentiments et des raisons profondes de se sentir blessée. De traîtresse à femme trahie, ses actes ne sont pas pardonnés mais gagnent, grâce à Euripide, une motivation autre que la pure perfidie.
2 – Macbeth, de William Shakespeare (1623)
Autre tragédie mais aussi autre époque, Shakespeare fait apparaître trois sorcières dans sa pièce Macbeth pour ajouter au pathos de l’œuvre. Ici, les sorcières sont des prophétesses qui annoncent l’avenir terrible et inéluctable qui attend nos héros. Figures plus symboliques que réelles, les sorcières sont effrayantes, apparaissant en plein orage au milieu de la lande écossaise, oiseaux de mauvais augures. Les personnages sont peu développés et renvoient à une conception très classique et peu humanisée de la sorcière.
3 – « Blanche-Neige », des frères Grimm (1812)
Chez Grimm, la sorcière est celle du conte de fée : vieille femme dénuée d’humanité vouée à faire le mal sans autre motivation que faire le mal. La sorcière est effrayante, biscornue et n’a d’autre vocation qu’être l’ennemi contre lequel les héros se battent. Elle représente les frayeurs et les obstacles auquel fait face l’enfant, sans être douée d’une véritable personnalité recherchée. Elle n’est, finalement, caractérisée que par sa superficialité et sa cruauté, au point qu’elle puisse sembler mériter le sort horrible qui lui est réservé.
4 – Sacrées Sorcières, de Roald Dahl (1983)
Roald Dahl détourne la figure de la sorcière classique extrêmement caricaturale, comme on a pu se la figurer autrefois chez Shakespeare, pour en faire un être beaucoup plus réaliste. La sorcière figure toujours les craintes de l’enfant mais, cette fois, elle prend les traits de l’ordinaire. Ce sont de vieilles femmes cachant leurs quelques traits distinctifs pour se fondre dans la masse. Le danger est là, il est présent tout autour de nous, dissimulé, et seule la vigilance de l’enfant peut le défaire.
5 – Harry Potter, de J.K. Rowling (1997)
Si on parle généralement de l’ « histoire du jeune sorcier », on n’en oublie pas pour autant que Harry est entouré de sorcières fortes et indépendantes qui lui sauvent plus d’une fois la mise. Hermione mais aussi Ginny, Molly, McGonagal ou même Béatrix sont autant de sorcières qui, face au succès retentissant de l’œuvre, ont marqué la littérature moderne. Dans Harry Potter, la sorcière n’est plus un être allégorique à part mais simplement femme, avec tous les aspects que cela peut recouvrir : maternelle, courageuse, sensible, cruelle ou faillible.
6 – L’Atelier des sorciers, de Kamome Shirahama (2016)
Changement de format et de culture, ce manga se concentre sur l’apprentissage de jeunes sorcières et leur donne des pouvoirs liés à la magie des mots. Ici, les sorcières ne sont ni horribles, ni ordinaires : elles sont spéciales, elles sont élues mais elles sont soumises aux mêmes vicissitudes que tout être humain. Seulement, elles maîtrisent en plus la magie du dessin et des mots, comme si sorcière était désormais synonyme d’artiste éveillé à la magie des arts. Leur sensibilité, alors, n’est plus une faiblesse mais une force qui leur permet de développer une créativité salvatrice.
7 – Circé, de Madeline Miller (2018)
Madeline Miller reprend le mythe antique de Circé pour le réécrire sous un format romanesque où la sorcière est désormais femme. D’ascendance divine et dotée de pouvoirs extraordinaires, Circé n’en est pas moins humaine et le point de vue interne qui l’accompagne tout au long du roman n’en fait que mieux ressortir ses sentiments. La mauvaise sorcière qui a piégé Ulysse n’est plus si mauvaise, elle est simplement faillible, faite de bonnes et mauvaises motivations ; et elle peut, surtout, enfin donner son propre point de vue pour défendre ses actes.
8 – Le Club de l’Ours Polaire 2 : Le Mont des sorcières, d’Alex Bell (2019)
Dans son roman, Alex Bell reprend la figure classique de la sorcière de conte de fées, vieille et voûtée, vêtue de noir et de chapeau pointu, effrayante et mangeuse d’enfants. Pourtant, Alex Bell s’amuse aussi à détourner ces codes pour rappeler que derrière la figure monstrueuse se cache aussi un être humain comme les autres, doué de sentiments et d’ambitions. Un joli usage du cliché, accessible aux plus jeunes et dans une parfaite ambiance d’Halloween, qui rappelle que le monstre n’est pas toujours celui qu’on croit.
Voilà pour 8 idées d’histoires de sorcières, qui ont marqué la littérature à travers les siècles. Des portraits variés, de femmes monstrueuses ou au contraire terriblement humaines, mais qui ont tous eu un message à nous porter. Mai bien sûr, il y en a encore beaucoup d’autres ! D’ailleurs, quelle histoire de sorcière vous a, vous, le plus marqué en littérature ?
Pour ma part je ne sais pas si on peut parler de littérature c’est l’image de Baba Yaga, la sorcière dans les contes slave. Je trouve ce personnage interessant: la grand mere qui apprend à la jeune fille la vie un peu durement mais qui la protège.
Sinon des livres de sorcières que j’aime beaucoup : Ivy wilde 🙂
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