Ready Player Two, d’Ernest Cline

Quelle n’était pas mon impatience de lire Ready Player Two, d’Ernest Cline ! Les plus fidèles le sauront : j’avais adoré Player One. Et j’espérais retrouver, dans ce second tome (je ne dirai pas « deuxième » car cela impliquerait qu’il pourrait y en avoir un troisième, et je ne l’espère pas !), toute la magie du premier. Mais voilà, justement, mon horizon d’attente était peut-être un peu trop élevé…

Voilà des années que Wade (alias Parzival) a remporté la quête d’Anorak qui a fait de lui l’héritier de James Halliday, créateur de l’Oasis, le monde virtuel qui a séduit une grande majorité de la population. Mais alors qu’il lance sur le marché une toute nouvelle technologie de casques permettant une immersion unique dans l’Oasis, une nouvelle quête s’offre à lui : la quête de Leucosia. Et il ne va pas avoir le choix de la mener à bien, car de cette quête dépend l’avenir de l’humanité.

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Nostalgie, gaming & recette miracle

La formule de Player One est simple : une bonne dose de nostalgie 80’s et beaucoup de culture geek, réunies autour d’une quête épique dans un univers futuriste simple d’accès mais qui pose de vraies questions intéressantes sur la surpopulation, l’éducation des masses, la pollution, l’addiction aux jeux vidéos, les paradis artificiels… Un cocktail efficace dans lequel le lecteur est acteur, invité qu’il l’est à dénicher tous les petits « easter eggs » placés dans le livre en forme de références plus ou moins évidentes, en même temps qu’il suit l’aventure de Wade/Parzival. De quoi rendre la lecture amusante et addictive. Ready Player Two tente de reprendre les mêmes éléments mais a beaucoup plus de mal à trouver son équilibre. Là où le premier tome laissait des indices à décrypter, le second nous livre ses réponses sur un plateau : les énigmes sont résolues aussitôt posées, les références explicitées d’un bout à l’autre.

Un exemple ? Dans le premier tome, Wade s’infiltre dans une entreprise en utilisant un pseudo : Sam Lowery. Point. A aucun moment il n’indique d’où vient ce pseudo. Soit le lecteur connaît le film Brazil et reconnaît la référence, soit il passe à côté. Et des petites références « cachées » comme ça, il y en a des dizaines dans le tome 1. Dans le tome 2, les références sont aussitôt explicitées. Par exemple, lorsque Wade voit une référence au chiffre 42 (bien connu dans la culture pop), il cite immédiatement le livre dont cette référence, Le Guide du voyageur intergalactique, est extraite et ce qu’elle signifie. Le lecteur n’a pas le temps de chercher et d’essayer de « comprendre la réf » par lui-même. Du coup, il lui manque ce sentiment de satisfaction d’avoir compris et ne crée pas de connivence avec l’auteur. Et il en va de même avec la quête de Leucosia, où chaque indice trouve immédiatement sa réponse alors que la quête d’Anorak laissait la réflexion s’étendre sur des dizaines de pages avant d’être décryptée. Enfin, les thématiques abordées restent intéressantes, ajoutant même à son panel la transhumanité, mais elles sont abordées très superficiellement, trop peu développées pour devenir le réel intérêt du roman.

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Le mot de la fin

Difficile de dire que Ready Player Two est un mauvais livre : il repose sur les mêmes gimmicks que le premier et, fondamentalement, ça fonctionne. Beaucoup de références geeks, une pincée de nostalgie et une vague de bons sentiments pour faire passer le tout. Seulement, voilà, après quelques années à mijoter, la recette est éculée. Là où Player One nous a eu, c’est qu’il sortait au bon moment pour nous surprendre pour nous parler culture geek de passionné à passionné.e.s. L’intrigue était simple (voire simpliste) mais ce qui maintenait en haleine, c’était le double jeu de piste : celui de la quête d’Anorak, mêlée à celui de notre recherche de la moindre « réf » , planquées à foison dans le récit. Dans Ready Player Two, la formule est la même mais en moins élaborée : la quête de Leucosia est moins bien ficelée et les réfs, bien moins nombreuses, sont explicitées plutôt que réservées à l’œil sagace du lecteur vigilant. Beaucoup moins de fierté personnelle, donc, d’avoir résolu le jeu de piste. Il n’en reste que c’est une lecture agréable, pour passer un bon moment, mais qui n’aura malheureusement pas su recréer chez moi l’enthousiasme du premier volet.

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