A l’occasion de la sortie des Héritiers, les éditions ActuSF m’ont proposé un retour aux sources avec la précédente publication de l’auteur : Feuillets de cuivre, de Fabien Clavel. C’était ma première découverte de l’auteur mais je n’en avais entendu que des éloges et je dois le reconnaître : ce livre, pour moi, s’impose déjà comme un classique de l’imaginaire français. Avec une esthétique steampunk, un format hybride entre le roman et le recueil de nouvelles et un genre mêlant roman noir et fantasy, ce livre sort des cases pour notre plus grand bonheur.
Des meurtres sanguinaires parsèment le Paris du XIXe, sur fond de magie noire. Prostituées et personnages atypiques de la capitale semblent être les cibles prioritaires mais quel lien entre eux ? L’inspecteur Ragon est sur l’affaire, armé de sa plus belle capacité d’analyse et de ses connaissances en littérature. Car tout est toujours dans les livres.

Recoins obscurs & littérature
Feuillets de cuivre proposer un univers assez sombre et violent. Au-delà des intrigues elles-mêmes des enquêtes qui mettent en scène des crimes sordides, emprunts de violence, le monde décrit lui-même recèle cette même violence. Un monde d’autant plus sombre qu’il est finalement très réaliste. Il pend place à Paris dans toute sa réalité, non pas le Paris romancé à la Ratatouille de Disney mais le Paris que les parisiens connaissent, avec certes sa grandeur et son éclectisme mais aussi ses recoins obscurs, sa grisaille, sa pollution, ses mauvaises odeurs et ses mauvaises mœurs, ses crimes et sa violence. Et l’enquêteur lui-même est le reflet de ce réalisme : pas un héros au physique d’Apollon et au bagou de folie, mais un homme banal, en mauvaise santé, sans grand éclat et vieillissant d’histoire en histoire. Il est, de même que les victimes sur lesquelles il enquête, de ceux qui peuplent ces recoins sombres : le reflet de la ville dans la ville, les quartiers des oubliés que seuls connaissent ceux qui connaissent intimement Paris, bien au-delà de son vernis touristique.
Et pour faire face à ces crimes, Ragon n’a qu’une seule arme : ses connaissances intarissables en littérature. Le livre est bourré de références qui raviront tout amoureux des belles lettres mais, bien plus que ça, avec cette arme des plus surprenantes, notre défenseur des pauvres gens fait passer un message : face à l’obscurantisme et la bêtise brute, la seule arme est la connaissance. Les enquêtes sont souvent tournées autour de personnages atypiques, prostituées, hermaphrodites et autres proscrits sont les victimes du manque de tolérance et donc ceux qui ont le plus à souffrir de l’obscurantisme qui frappe les populations ; Ragon est donc le preux chevalier de l’art et la culture, celui qui vient ramener un peu de justice dans le monde grâce à son savoir. Face au barbarisme, la civilisation dans toute sa splendeur.

Le mot de la fin
Avec Feuillets de cuivre, Fabien Clavel nous propose un livre atypique qui plaira à tout lecteur aventureux. Mélange des genres réussi, il charme aussi bien par ses mystères surnaturels que par ses turpitudes bien humaines. Le rythme est entraînant, passant d’une affaire à l’autre mais liées par la progression de vie de son enquêteur. Le mystère est haletant et les surprises au rendez-vous. A lire de toute urgence.
J’avais beaucoup aimé ce livre également ! Je l’avais trouvé passionnant et bien construit tandis que le jeu des références littéraires m’avait fasciné ! Ta très chouette chronique me donne envie de le relire à l’occasion, tiens !
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J’ai aussi adoré sa construction, ses références littéraires et son personnage et, surtout, je dois dire qu’il m’a surprise ! Et ça, c’est quelque chose d’ultra-rare pour moi en littérature. Souvent, j’ai l’impression de voir venir la fin d’assez loin mais là, elle est construite depuis le début sans être prévisible et je trouve ça génial^^
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J’avoue ne plus me souvenir de la fin… mais effectivement, je comprends ton plaisir d’être surprise !
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Cette couv ! ❤
Ton avis est tentant !
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