Parmi les nouveautés des éditions ActuSF, un joli roman à la couverture de printemps m’a fait de l’œil au milieu de ma grisaille quotidienne : Les Énigmes de l’aube, tome 1 : Premier Souffle de Thomas C. Durand. Une fraîcheur printanière qui se retrouver également dans le résumé de l’histoire d’une jeune fille élevée au milieu de la nature qui doit se faire une place au milieu d’une école de garçons pour apprendre la magie. Une histoire drôle, vendue comme de la fantasy à la Pratchett, avec laquelle je vois le parallèle même si je ne la définirait pas comme telle. L’humour, ici, n’est pas vraiment absurde (la plupart du temps) mais effectivement avec cette touche british qui aime le décalage et le rocambolesque. Tout cela pour raconter l’histoire d’une jeune fille touchante aux aventures sont pleines de sens.
Dans les Troyaumes, certains habitants naissent avec un don. Plus ou moins rare, plus ou moins utile, ce don est propre à chaque individu. Pour Anyelle, jeune fille élevée au milieu de la nature par son père capable de faire repousser les arbres, ce don s’avère dangereux. Nécessité est pour elle d’apprendre à le maîtriser. Mais, pour cela, elle doit intégrer une école de magie, institution vieillissante et rigide qui n’admets pas les filles.

Éveil & volonté
Ce tome dédié à l’aube est celui de l’éveil. L’aube, c’est le début de la journée, le (re)commencement quotidien avec lequel vient l’éveil de la nature. Et toute l’histoire tourne autour d’un éveil ; pour Anyelle, notre héroïne, il s’agit aussi bien de découverte de soi et des relations avec les autres, de ses sentiments (colère, indignation mais aussi amitié ou amour) que d’ouverture à la connaissance, au développement de l’esprit. Avec l’éveil de ses pouvoirs, c’est l’éveil de sa curiosité intellectuelle qui s’ensuit. Elle sort de son cocon confortable (Monchezmoi, la maison familiale au milieu des bois) pour aller à la rencontre du monde, des gens, de la ville, de paysages diversifiés, et de toutes les nouveautés qui s’offrent à elle qu’elle avait ignoré jusqu’ici, non par paresse mais par simple ignorance de ce que le monde a à offrir.
Et pour Anyelle, c’est aussi l’éveil de sa volonté. Au commencement, Anyelle petite fille un peu impétueuse qui cède surtout aux caprices de son instinct : elle veut ce qui lui est refusé, que ce soit dans un but légitime ou non. Ces caprices de l’instinct servent finalement de nobles buts de façon involontaire. Anyelle veut intégrer l’académie de magie car on lui en refuse l’accès sous prétexte qu’elle est une fille : que la présence d’Anyelle puisse faire changer des règles d’un autre temps est un effet positif, pour autant la motivation de la petite fille n’a aucun lien avec des considérations féministes. Et justement, avec le temps, Anyelle apprend à focaliser sa volonté sur des objectifs aux buts louables. Lorsqu’elle veut intégrer l’académie nationale (et non plus régionale) de magie, qui elle aussi est fermée aux filles, Anyelle sait pourquoi elle veut y aller et déploie des stratégies pertinentes pour atteindre son but. La volonté est mère de toute réussite, encore faut-il savoir pourquoi on la déploie.

Le mot de la fin
Avec ce premier tome des Énigmes de l’aube, Thomas C. Durand nous offre une très belle aventure axée sur la découverte et l’émerveillement. Ce premier tome, c’est le tome de l’exaltation : des sens, des sentiments et de l’intelligence. Un premier tome où nous faisons connaissance avec un univers et une héroïne entre douceur et prises de position. Un plaisir très agréable à lire, plein d’humour, de bons sentiments et d’aventures que l’on a hâte de retrouver pour la suite.