Après avoir adoré la série Netflix et entendu de très bons échos sur le film (que je regarderai bientôt !), je me suis lancée dans la lecture de la bande dessinée originale du Transperceneige de Lob, Rochette et Legrand dans le cadre du thème « Adaptations » du premier mois du Hold My SFFF Challenge saison 2. Avec ses graphismes à l’ancienne et son histoire très différente de ses adaptations, je ne savais pas dans quoi je me lançais. La découverte était au rendez-vous !
La Terre est plongée dans une nouvelle ère glaciaire : plus rien ni personne ne peut survivre à sa surface. Une seule exception : le Transperceneige. Ce train aux mille et un wagons a embarqué le reste de l’humanité pour une révolution continue autour de la Terre. Les arrêts sont impossibles sous peine de mort, la survie entière dépend des capacités du Transperceneige à être auto-suffisant. Mais cela ne se fait pas sans une profonde inégalité entre les privilégiés de l’avant et les délaissés de l’arrière.

Dureté & humanité
Le trait est dur, brut, hachuré, comme la vie à bord du Transperceneige, comme l’univers hostile fait de glace et de nuit qui l’entoure. Pour certains privilégiés, le confort reste présent mais pour la plupart, nos protagonistes, ceux que l’on suit et auxquels on s’identifie, la vie s’apparente désormais davantage à de la survie. Une survie de plus en plus mise à mal à mesure que le temps passe, que les ressources s’amoindrissent et que les restrictions se font plus grandes. Mais une survie qui affecte aussi les privilégiés, même s’ils ne s’en rendent pas forcément compte ; car une survie devenue nécessaire puisqu’ils représentent les derniers vestiges de l’humanité. Un style esthétique, graphique et même parlé cohérent avec l’univers présenté dont on ressent la rudesse tout du long.
Et au milieu de tout ça, on rencontre des personnages d’une humanité insoupçonnée. Des personnages qui, sous leur aspect abrupt, sont en demande constante d’affection, de reconnaissance et, tout simplement, d’humanité. Proloff, le héros du premier tome, débarque comme un héros violent, presque inhumain sous ses manières agressives, son parlé qui tronque les mots et ses poils hirsutes qui lui mangent le visage. Pourtant, quand il sort de son wagon de queue et rencontre une jeune femme prête à prendre fait et cause pour lui, on lui découvre une douceur vraiment touchante. Sorti de son milieu, il est rasé et, avec ces poils, c’est comme si le masque tombait aussi : on comprend à la fois les difficultés qu’il a traversées (à l’image des passagers de queue), les choses auxquelles il a dû renoncer et les valeurs auxquelles qui l’animent. Un personnage de révolté presque idéaliste auquel on s’attache et qui est à l’image de l’humanité dépeinte dans la saga : des opprimés qui se battent contre les détenteurs du pouvoir pour remettre un peu d’humanité dans un système injuste.

Le mot de la fin
Si je comprends qu’elle puisse ne pas plaire à tout le monde, j’ai pour ma part adoré la bande dessinée Transperceneige. Elle a un côté très old school avec son dessin en noir et blanc et ses traits hachurés (et sa caractérisation très sexiste des personnages féminins, il faut l’admettre aussi !). Son approche SF, avec une idée originale, et la découverte de la façon dont l’humanité a pu évoluer dans de telles circonstances est passionnante, avec une bonne gestion du suspense toujours renouvelé. Enfin, les thématiques abordées en filigranes, parlant lutte et classes sociales lui confèrent une intemporalité qui, malgré son premier abord un peu daté, lui permet de traverser les époques (et preuves en sont les adaptations de cet univers qui, bien que très libres sur l’histoire, en reviennent toujours à ces mêmes thématiques). Bref, pour moi, un must read certain.