Recueil de nouvelles dans lesquelles on trouve des récits de Megan Lindholm (avant son pseudonyme de Robin Hobb) mais aussi de Steven Brust et de Gregory Frost que j’ai découverts pour l’occasion, Liavek prend place dans un univers partagé. C’est-à-dire que n’importe quel auteur, s’il le souhaite, peut inscrire l’une de ses histoires dans cet univers. Et cette succession de styles, dans ce recueil suivant les aventures de personnages communs à chaque nouvelle, apporte une fraîcheur et un renouvellement constants tout en s’harmonisant parfaitement.
Dans une série de nouvelles, nous suivons les aventures de Kaloo, une jeune fille à la recherche de sa chance. Car à Liavek, la chance est une véritable réserve de magie. Mais pour profiter de sa chance, il faut connaître sa date de naissance et Kaloo a été trouvée en bord de route sans aucun indice sur ses origines. Heureusement, en fantasy, les orphelins le restent rarement longtemps…
Continuité morcelée & quête d’identité
Autant dans la forme (recueil de nouvelles) que dans le style (propre à chaque auteur), Liavek est marqué par son aspect morcelé. Ce sont différents bouts qui sont agrégés ensemble pour former un tout plus conséquent. Et cet amoncellement hétéroclite, qui aurait pu paraître trop disparate, s’harmonise avec une fluidité assez surprenante. Sachant que chaque auteur développe l’intériorité de son propre personnage avec un point de vue interne, chaque nouvelle permet d’apporter un relief différent sur les autres où les héros des uns deviennent personnages secondaires dans l’histoire des autres. Le format apporte un agrégat de points de vue, faisant gagner l’univers en complexité et en profondeur sans perdre le fil conducteur qu’est l’histoire originale de Kaloo contée par Robin Hobb.
Au début du recueil, on découvre une héroïne encore jeune qui cherche à connaître son jour de naissance pour pouvoir puiser dans sa chance, source de magie à Liavek. Pourtant, au fil du déroulement des nouvelles, on s’aperçoit bien vite que cette histoire de magie est un prétexte pour aller creuser beaucoup plus loin. Chercher à en savoir plus sur sa naissance, pour cette jeune fille trouvée au bord du ruisseau, c’est chercher à connaître ses origines. Et cette quête, finalement, est une étape essentielle de sa construction identitaire. Connaître ses parents biologiques est une façon de se connaître elle-même et de reconnaître ce qu’elle a, ce qu’elle est. Sa relation avec ses parents adoptifs, et son statut d’enfant adopté sont, par exemple, particulièrement bien développés. La brièveté de la forme, bien loin d’être un frein au développement des personnages, impose surtout de se concentrer très essentiellement à un seul personnage par nouvelle ; mais un personnage avec lequel, du coup, on se sent d’autant plus intime.

Le mot de la fin
S’il peut déstabiliser par son aspect hétéroclite, Liavek parvient à offrir une continuité agréable à lire. Recueil de nouvelles qui se rapproche presque du roman à six mains tant chaque auteur parvient à reprendre pour mieux prolonger l’histoire de chacun, il nous propose un très joli parcours initiatique d’une jeune fille qui a besoin de connaître ses origines pour mieux se découvrir et se construire. Un univers fantasy assez classique mais bien maîtrisé, et sous une forme originale et appréciable.
J’ai toujours un peu peur face à un recueil mais avec Robin Hobb aux commandes, je suis curieuse. Ça me rappelle que j’ai encore L’Assassin royal et Les Aventuriers de la mer à continuer ^^
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J’ai Les Aventuriers de la mer à continuer aussi ! Je ne trouve pas Liavek à la hauteur des Aventuriers de la mer ou de L’Assassin royal, pour tout dire. Les personnages n’y sont pas aussi attachants et ce n’est pas aussi addictif, mais ça reste un très bon recueil quand même^^
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