Il est plus que temps, chers lecteurs, de nous attaquer à un classique de la fantasy que nous n’avons fait qu’évoquer ici : Le Monde de Narnia, de C.S. Lewis. Je suis toujours hésitante à parler de livres que j’ai lus il y a longtemps, d’autant plus quand il s’agit de tels monuments de la SFFF, car j’ai la persistante impression que je vais forcément passer à côté de trop de chose. Pardonnez-moi donc si je ne suis pas exhaustive sur le sujet, le but est seulement de rendre à cette saga la place qu’elle a dans mon univers littéraire.
Au fond d’une vieille armoire, Peter, Edmund, Susan et Lucy Pevensie découvre le fabuleux monde de Narnia, où les animaux parlent, la magie circule et le lion Aslan fait régner la bonté. Mais confronté à différents maux, Narnia aura besoin de l’aide de la fratrie Pevensie pour affronter les dangers qui échappent à Aslan.
Chantre de la fantasy & métaphore religieuse
Dans le tome 2 (premier dans l’ordre d’écriture), on découvre une porte magique passant par le fond d’une armoire pour déboucher en Narnia. Aussitôt, Narnia s’annonce comme une porte d’évasion vers l’imaginaire, qu’empruntent les enfants Pevensie alors qu’ils sont exilés à la campagne pour fuir l’horreur de la Seconde Guerre Mondiale qui fait rage à Londres au moment de l’intrigue. Y accédant par un placard, au milieu d’une partie de cache-cache, cette entrée renvoie aux rêves de l’enfance, nous invitant dans un univers de contes. De même, l’anthropomorphisme, avec ces animaux qui parlent et vivent comme des humains, les créatures fantastiques comme M. Tumnus qui est la première rencontre de Lucy dans l’univers magique, tout cela nous plonge dans un univers merveilleux, où les rêves d’enfants se réalisent. On pensera encore au fait que les 4 frères et sœurs deviennent roi et reine, comme dans un jeu d’enfants. Pour autant, ces enfants ne sont pas exempts de défauts non plus : Edmond trahit par attrait du pouvoir (tome 2), Eustache pêche par égoïsme (tome 5), Susan dédaigne Lucy par vanité (tome 7)… Mais grâce à Narnia, ils apprennent de leurs erreurs et se repentent, basculant ainsi vers le roman d’apprentissage.
Et la repentance nous renvoie au message central (et assez controversé) de la saga : sa métaphore religieuse. De fil en aiguille, C.S. Lewis nous amène à voir Narnia comme une sorte de Paradis ou de Jardin d’Eden. Aslan y fait figure de divinité, presque christique. Il est le bien incarné et va même jusqu’à se sacrifier pour sauver les Hommes de leurs fautes dans le tome 2. Cette métaphore, discrète dans les premiers tomes, se révèle pleinement dans le septième et dernier tome : là, la bataille finale fait figure d’apocalypse ou de jugement dernier. Une arche est construite pour sauver les bons (les fidèles d’Aslan) face au déluge. Et enfin, arrivés dans le nouveau Narnia, la terre purifiée, on découvre les nains, assis en cercle et aveugles à la beauté de ce qui les entoure. Ils représentent ainsi ceux qui se détournent de la foi, enfermés dans leur propre bulle et aveugles à la beauté de Dieu et de son Paradis qu’il offre aux Hommes.
Le mot de la fin
Si sa portée chrétienne peut déranger, Le Monde de Narnia de C.S. Lewis n’en demeure pas moins un grand classique de la fantasy qui emprunte à bien plus qu’au mythe chrétien. Contes merveilleux et romans d’apprentissages pour la structure, mythologie gréco-romaine pour les créatures et, effectivement, métaphore biblique pour le message final, autant de sources d’inspiration qui imprègnent l’œuvre de C.S. Lewis pour lui donner du relief et de la saveur. Son inscription marquante dans les littératures de l’imaginaire, bien plus qu’à son inspiration chrétienne, tient surtout à sa capacité à réveiller nos rêves d’enfants, entre innocence émerveillée et grandes aspirations.
Je l’ai étudié en cours cette année, muy interesante 🙂
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Quelle chance ! Peu de profs acceptent de reconnaître les qualités littéraires de la fantasy, plus encore orientée jeunesse comme celle-ci, alors qu’il y a de quoi faire ! Ça a dû être passionnant à étudier en détails^^
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C’était un cours sur la littérature jeunesse britannique donc on n’a pas étudié que Narnia (on a aussi parlé de Roal Dahl, de Alice au pays des merveilles, des livres de la jungle…) mais c’était super intéressant 🙂
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Vaste sujet ! Et très très cool ! Tu es dans un cursus spécialisé ?
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J’étais en 3ème année de LLCE, c’était une option 🙂 je peux t’envoyer mon cours si ça t’intéresse !
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J’adorerais, merci ! 💙
Voici mon mail : livres.pp@laposte.net
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🙂
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Tu en parles très bien! Moi j’adorais Narnia mais je l’ai relu cette année et je me suis rendue compte que c’était assez sexiste et raciste, alors jen ai fait une analyse pour mon blog.
Je trouve ca dommage parce que sinon la qualité littéraire est très bonne et j’aime beaucoup cet univers.
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