Court roman que je voulais découvrir depuis longtemps, d’une auteure qui me faisait de l’œil depuis un moment également, La Mort est une femme comme les autres de Marie Pavlenko est une lecture rafraîchissante à mi-chemin entre la fable satyrique et la comédie romantique, qui emprunte aux codes des deux genres sans tomber dans les écueils ni de l’un ni de l’autre.
La Mort est fatiguée. Elle n’en peut plus d’une longue existence à faucher des vies, toujours confrontée à des défunts râleurs, suppliants ou énervés qui refusent d’accepter sagement leur destin. Elle a perdu foi en ce qu’elle fait, perdu foi en l’humanité et peut-être perdu foi en la vie elle-même. Elle cesse donc de faire son travail, créant une belle pagaille dans cette humanité qui ne meurt plus, mais provoquant aussi sans le vouloir une rencontre avec Suzie, une jeune femme qui aurait dû mourir du cancer et qui pourrait apporter une réponse à tous ses questionnements.
Le personnage de la Mort & les leçons qu’elle enseigne
Dans ce roman, on retrouve une nouvelle fois ce personnage de la Mort que j’aime tant, qui apporte un regard frais et décalé sur la vie, mais avec cette originalité supplémentaire induite par la féminité. De la Mort des Annales du Disque-Monde, elle emprunte un cynisme sur la vie et une naïveté sur les questions humaines (la petite référence glissée au Disque-Monde dans le roman me fait d’ailleurs penser que ce n’est pas totalement un hasard) et de la Mort de Je suis fille de rage, elle a en commun son omnipotence et sa philosophie sur la mort. Le tout créé une Mort originale, rafraîchissante, qui a à cœur de redonner du sens à son travail et qui est fascinée par les relations humaines. L’occasion de nous interroger à notre tour sur le sens que l’on donne à nos vies et nos façons d’aborder l’autre. Ponctué d’humour (parfois un poil absurde), La Mort est une femme comme les autres prend presque l’apparence de la fable, nous montrant les travers de notre société et la façon d’améliorer les choses.
À travers son regard atypique, Emm (le petit nom de la Mort) nous présente nos contradictions profondes. Elle qui est confrontée aux ex-agonisants en permanence ne comprend pas grande chose à la vie et a donc du mal à comprendre qu’ils s’y attachent tant. D’autant plus qu’ils lui réclament sans cesse du temps supplémentaire pour faire tout ce qu’ils n’ont pas fait précédement, sans avoir la moindre bonne raison de ne pas l’avoir fait. Pourquoi les humains ne prennent-ils conscience de ce qu’ils ont qu’une fois qu’il est trop tard ? Pourquoi deviendraient-ils si attachés à la vie dans la mort, alors qu’ils n’en ont jamais profité avant ? Pourquoi haïssent-ils tant la mort alors qu’elle fait partie intégrante de leur société ? Et pourquoi paniquent-ils quand elle disparaît, alors même que c’est ce qu’ils ont toujours demandé ? Après avoir passé une existence sans début ni fin à côtoyer l’humanité dans ses pires moments, Emm n’a plus grande foi en l’humanité. Pourtant, rencontrer des êtres humaines bien vivants va lui rappeler ce qu’ils ont aussi de bons et qu’ils oublient trop souvent eux-mêmes : les relations avec les autres, l’amour, la générosité, voire l’altruisme et le sens du sacrifice ; les petits plaisirs de la vie, la gourmandise, la patience et la sagesse ; l’abnégation, le courage et l’entraide… Toutes ces choses qui rendent la nature humaine complexe, capable du meilleur comme du pire et qui vaut donc le coup d’exister.
Le mot de la fin
La Mort est une femme comme les autres est un plaisir à lire dont on regrettera surtout qu’il se finisse trop vite. Son côté fable satyrique exige presque cette forme et pourtant, on aurait adoré faire un bout de chemin supplémentaire avec cette Mort franche et atypique, qui mêle si bien cynisme, naïveté enfantine et lucidité incroyable sur le monde. Si Marie Pavlenko souhaite lui faire vivre d’autres aventures humaines, je serai la première volontaire pour en tirer de nouveaux enseignements. En attendant, n’hésitez pas à vous jeter sur cette lecture avec plaisir et légèreté pour bien commencer l’année.
Ta critique me donne super envie de le lire ! Je pense qu’il serait super en lecture audio, mais il n’existe pas encore dans ce format 😦 Tant pis, je vais devoir attendre !
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C’est vrai qu’avec son ton décalé, une lecture expressive en audio pourrait être géniale ! Je te souhaite qu’il sorte bientôt sous ce format^^
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Je ne connaissais pas du tout mais tu m’as donné très envie de découvrir ce livre et cette autrice ! Tu as l’air d’être tombée sur un petit bijou !
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Je suis souvent déçue par les romans que j’attends trop longtemps pour lire (des attentes trop hautes, je pense ^^’) mais celui-ci y a vraiment bien répondu. Il reste léger tout en évoquant de vraies problématiques. Il est à la fois feel-good et matière à réflexion, ce que je trouve vraiment cool !
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Ta chronique me donne très envie de lire ce livre ! J’adore les Annales du Disque-Monde et la plume de Marie Pavlenko est magnifique (l’ai beaucoup aimé Je suis ton Soleil et Un si petit Oiseau) donc ça devrait me plaire, surtout s’il y a des petites leçons ^^
Et puis, j’aime bien quand on a un point de vue un peu différent (c’était quelque chose que j’avais trouvé très original dans La Voleuse de Livres, c’est écrit par la mort)
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C’était ma première lecture de Marie Pavlenko mais franchement, ce livre m’a aussi donné envie d’en découvrir d’autres ! J’ai eu l’impression de vivre une petite parenthèse hors du monde avec cette lecture, j’ai beaucoup aimé^^ Si tu es déjà conquise par l’autrice, je ne peux que penser qu’il te plaira aussi 🙂
La Voleuse de livres est sur ma liste d’envie depuis tellement longtemps ! Il faut absolument que je me lance !
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