Comme une envie m’a prise de me plonger dans l’univers steampunk à la française de Fabrice Colin lorsque l’article de la copinaute Pause Earl Grey a fait un éloge passionné d’Arcadia, un diptyque réuni en intégrale par Bragelonne. Et je ne suis pas surprise que cette lecture lui ai plu : Fabrice Colin est un écrivant passionné qui sait créer un univers aux envolées lyriques saisissantes et rendre beau jusqu’à l’Apocalypse elle-même. Pas de chance cependant, moi, je suis passée à côté de ce livre… Mais je sais pourquoi !
À Arcadia, le rêve n’est autre que la réalité. Pourtant, des présages bien sombres viennent troubler les habitants et ranimer certains fantômes du passé. Les intrigues s’entremêlent entre plusieurs groupes de personnages visiblement sans liens apparents, entre Londres et Paris, présent et futur, pour finalement n’en former qu’une : celle d’une fin du monde annoncée orchestrée d’une main de maître, le tout truffé de références bien connues.
Une sublimation artistique aussi totale qu’exigeante
En lisant Arcadia, j’ai eu la sensation grandissante d’une quête d’absolu à travers l’art et les mythes. Fabrice Colin prend soin de mélanger tous les arts pour parvenir à un dénouement grandiose fait de l’union d’une sorte de grand tout. L’effet est saisissant, marquant, et surtout prenant puisque tout amoureux des arts s’y retrouvera, se sentira une affinité particulière avec ces personnages vivant pour l’art et faisant revivre le mythe arthurien, se découvrira une complicité inévitable avec cet auteur passionné qui réunit tout cela dans son univers. Et quel univers ! Un univers composé qui se décompose sous nos yeux, avec des idées originales, baigné tour à tour dans un romantisme digne des plus grands, un spleen à la Baudelaire, un style gothique bien anglais ou encore des envolées épiques arthuriennes, sans oublier le petit mélange atypique de fantasy et de steampunk. Tout cela compose un livre riche et fort en images.
Mais tout ce qui fait la richesse de ce livre, c’est aussi ce qui peut en être la faiblesse. Malgré mon admiration pour l’univers qui se déployait sous mes yeux, je n’ai jamais pu rentrer dans le livre. Car l’auteur est exigeant avec son lecteur : il a besoin d’un lecteur captivé, presque captif, qui s’investisse dans l’histoire pour la suivre et en comprendre les rouages. Il a besoin d’un lecteur qui s’implique, qui soit actif dans sa lecture et qui ne se disperse pas. Un lecteur qui, comme moi, est obligé de voler quelques pages lors de sa pause déjeuner ou de son trajet en train du matin risque de s’y perdre. J’étais sans cesse en train d’essayer de me souvenir de qui était qui, des petits liens entre les différents personnages que j’avais pu établir et des implications de chaque action. Ça m’a rendu la lecture lente, voire pénible par moments, et j’avais hâte de finir. Et pourtant, maintenant que je l’ai refermé, toute l’intrigue me semble si claire, si évidente, si grandiose que je n’arrive pas y repenser comme une expérience désagréable. Juste particulièrement exigeante.
Le mot de la fin
Avec Arcadia, Fabrice Colin nous plonge dans un univers riche et sublime qui fait de l’art un exercice total : peinture, littérature, musique… Tout est lié, se répond, se correspond et façonne le monde avec une beauté incroyable. Et si je reconnais la virtuosité de l’œuvre que j’ai lu, je suis également totalement passée à côté. Pourquoi ? Parce qu’Arcadia demande au lecteur de s’investir dedans, de se prendre à l’histoire et d’en tourner les clefs. Une lecture en dilettante, avec la tête ailleurs et une concentration en dents de scie ne pardonne pas. Alors si vous ne voulez pas répéter mon erreur, un seul conseil : choisissez le bon moment pour lire Arcadia ; cela fera toute la différence, je pense, entre une expérience exaltante et une frustration puissante.
Je trouve ton analyse vraiment bonne. C’est vrai que c’est le genre de roman qui sont exigeants avec le lecteur. Je me sens un peu coupable de t’avoir fait envie de ce livre et que tu sois passé à côté… Mais c’est tout de même une expérience en soi que ce roman totalement grandiose dans ces sujets et la façon dont ils sont traités.
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Pas de regrets à avoir, je suis contente d’avoir tenté l’expérience ! C’est tellement décalé que ça ne peut pas plaire à tout le monde… Et je pense que c’est aussi ce qui en fait la force : trouver le public précis en qui ce texte résonnera ^^
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Pour ma part, j’avais abandonné à une centaine de pages. Comme toi, je n’avais pas réussi à rentrer dans l’histoire.
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Je pense qu’il n’y a vraiment pas de demi-mesure avec ce livre. C’est tout ou rien. Je tenais tout de même à avoir le fin mot de l’histoire mais j’ai été tentée de faire de même, je l’avoue !
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Ce livre est dans ma PAL depuis un petit moment et plus le temps passe plus les chroniques qui sortent à son sujet me dépriment (Lol). J’entends toujours la même chose à savoir que c’est un livre dans lequel il faut être très attentif car beaucoup d’informations à retenir. J’espère avoir un jour le courage de le sortir ^^
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Je comprends ton désarroi ! Je pense en effet que ça ne vaut pas le coup de le lire en dilettante : il faut avoir le temps de se poser un peu pour le lire (pourquoi pas pendant les vacances, avec l’été qui arrive ? ^^). Si tu veux un avis plus positif pour te rebooster avant cette lecture, je te conseille celui de la blogueuse Pause Earl Grey qui, elle, a réussi à rentrer dedans à 200% et ne tarie pas d’éloges dessus ! 🙂
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J’ai été lire sa chronique.
Grace à elle j’en ai appris un peu plus sur le roman et je pense qu’il n’est pas fait pour moi (du moins pas maintenant, pas dans mon état d’esprit actuel). Je ne suis pas une mordue d’art, par conséquent j’ai peur de complètement passer à côté de cette histoire.
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