En Terre étrangère, de Robert Heinlein

       Désireuse de parfaire ma culture SFesque (faute de meilleur mot, je trouve que cet adjectif sonne bien à l’oreille, non ?), je suis tombée au hasard de mes pérégrinations sur le web sur une liste d’œuvres dites « classiques » de la science-fiction. Sur celle-ci, un titre qui m’était jusqu’alors parfaitement inconnu a retenu mon attention : En Terre étrangère de Robert Heinlein (auteur du célèbre Starship Troopers), où comment un homme n’ayant jamais rencontré la civilisation humaine s’adapte à la vie terrestre.

challenge imaginaire 7        Valentin Michaël Smith est le premier humain né sur Mars. Ses parents faisaient partie de la première expédition d’exploration martienne et il a été élevé par le peuple Martien comme l’un des leurs. Vingt ans plus tard, une seconde expédition le ramène sur Terre où il découvre ces êtres qui sont censés être son peuple mais qui n’ont rien en commun avec lui, qui pense toujours comme un martien.

Ligne horizontale      Étranger & critique.

      Ce livre nous fait revenir aux valeurs fondamentales. En le lisant, on se souvient que l' »étranger » n’est pas nécessairement celui qui est différent ou qui vient d’ailleurs, juste celui qui semble « étrange » dans l’œil de celui qui le regarde. Ainsi, dans En Terre étrangère, ce n’est pas Mike (alias « l’Homme de Mars ») qui est défini comme l’étranger mais notre Terre car c’est à cela que tout le roman va essayer de se conformer : comprendre le regard posé par Mike sur la Terre et non l’inverse. L’idée est d’assimiler son point de vue pour réaliser tout ce qui est étrange dans l’humanité mais qu’on ne voit pas, tant on y est accoutumé dès la plus tendre enfance.

      Si le personnage ne critique rien de ce qu’il voit, se contentant de le remettre en question pour le comprendre, l’auteur n’est pas aussi complaisant avec sa (et donc notre) civilisation. À travers le regard innocent de Mike, il met en exergue tout ce que nous prenons pour acquis et ne devrait pas l’être. Rien n’est épargné : philosophie, religion, fiction, sexe, propriété… Autant de concepts qui n’ont rien de naturel, entièrement conditionnés par la culture dans laquelle on est élevés.

Ligne horizontale      Gnoquer & responsabilisme

      Depuis tout à l’heure, je parle de « comprendre » les choses. Mais notre héros va au-delà de ça et l’auteur a inventé un nouveau mot à l’étymologie martienne pour l’exprimer : gnoquer. « Gnoquer » est un mot qui n’a jamais de définition clairement donnée dans le roman ; littéralement, il veut dire « boire » mais sa signification va bien plus loin. « Gnoquer », c’est assimiler pleinement, intégrer en soi pour comprendre et accepter quelque chose dans son intégrité. L’Homme de Mars ne se contente pas de comprendre partiellement ; il assimile les choses comme une partie de lui-même.

     À partir de ses réflexions, Mike tire une conclusion étonnante : « Tu es Dieu ». C’est sa façon d’exprimer le fait que nous avons tous un pouvoir sur le monde qui nous entoure, que nous façonnons chacun individuellement le monde. Dans le roman, cela se traduit par le pouvoir de l’esprit sur la matière : possibilité de déplacer les objets, de communiquer par la pensée, de modifier son apparence physique, de ralentir son cœur, de faire disparaître les choses… Au niveau métaphorique, cela signifie que nous sommes acteurs du monde qui nous entoure ; c’est nous qui en faisons ce qu’il est et il est donc temps d’en endosser la responsabilité plutôt que d’en rejeter la responsabilité sur d’autres (notamment, un Dieu créateur qui façonne le monde). Si nous sommes tous Dieu alors il n’appartient qu’à nous de façonner un monde comme nous le souhaitons.

       En Terre étrangère est un roman surprenant, qui encourage à remettre beaucoup de choses en perspective. L’intrigue ne cherchant pas à prendre place loin dans le futur avec une profusion de termes scientifiques et de technologies improbables, il peut parler à tout le monde, même ceux qui ne sont pas familiers de la SF. Et ses réflexions, bien que parfois un peu simplistes, savent se faire un chemin dans notre façon de penser le monde.

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