Découvrons… Millénium 4, de David Lagercrantz

      Si je ne pensais pas le lire tout de suite, l’imminence de la sortie de son adaptation au cinéma m’a portant convaincue de me replonger dans la saga Millénium avec un quatrième tome qui est le premier à n’être pas de la plume de Stieg Larsson, son auteur originel, Millénium 4 : Ce qui ne me tue pas de David Lagercrantz.

       Le destin de Mikael et Lisbeth se croise à nouveau lorsque la NSA se fait pirater par un mystérieux hacker mettant au jour un réseau de criminels au sein de l’organisation. Mikael cherche le scoop qui relancera sa carrière tandis que Lisbeth se débat avec les démons ressurgissant de son passé.

       Continuité & féminité.

       Au début de ma lecture, j’étais totalement emballée par ce nouveau tome de la saga Millénium. L’auteur avait beau être différent, ce continuateur respectait parfaitement le canon établi par Stieg Larsson : le style y ressemble, les personnages sont cohérents, l’intrigue est intéressant ; le livre a tout pour plaire sur le papier. Néanmoins, ce qui m’a vite manqué, c’est l’originalité. S’il développait toujours le même univers, Larsson changeait de thèmes d’écriture à chaque tome. Il avait un esprit critique aiguisé sur la société qui le faisait pointer de nouveaux dysfonctionnement du doigt à chaque tome. Ici, Lagercrantz reprend les thèmes présents sans y apporter sa propre réflexion. Il poursuit une formule qui marche, avec beaucoup de virtuosité, mais sans rien ajouter de neuf : on revoit surgir un personnage du passé de Lisbeth, on retrouve les thèmes du premier tome en miroir et on explore des pistes laissées en bourgeon précédemment sans s’impliquer dans un nouveau sujet sociétal fort.

        L’accent ici est mis sur les personnages féminins. Mickael Blomkvist, quant à lui, est plus effacé au milieu de toutes ces femmes fortes sans pour en être amoindri pour autant. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques majeures du personnage de Mickael que de toujours avoir été capable de conserver toute sa virilité, son attrait pour les femmes, tout en les respectant éminemment, de ne pas se sentir menacé par leurs forces mais au contraire sur un pied d’égalité. La dualité des deux sœurs est vraiment mise en exergue, elles sont opposées en tout et pourtant semblables dans leur force de caractère et leur indépendance. Camilla peut être perçue comme l’apogée même de la féminité quand Lisbeth a toujours eu ce côté ado débraillée qui lui colle à la peau. Cette dualité, en plus des autres personnages féminins forts très présents dans ce nouveau tome, créent une véritable apologie de la femme sous toutes ses formes, sans obligation de répondre à un canon quelconque pour être femme.

        En bref :

     Si le changement d’auteur fait inévitablement peur à tout lecteur de la saga Millénium, celui-ci est finalement beaucoup moins à redouter qu’on ne pourrait le croire. Lagercrantz fait un continuateur formidable pour Larsson, insérant même un clin d’œil à l’auteur originel dans Ce qui ne me tue pas. Il sait créer la même tension, le même suspense que Larsson avec un respect parfait du matériaux de base tout en créant de nouvelles intrigues, de nouveaux enjeux. Il parvient même à développer un sens de la concision parfois plus pertinent que le foisonnement de détails qu’utilisait son prédécesseur, même si on regrettera l’absence de cheval de bataille qui lui soit propre. Ce quatrième tome est un plaisir à lire que je recommanderai à tout adepte de Millénium, sans distinction d’auteur.

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28 novembre 20186 février 2019 by Adlyn Categories: Noirs, RomansTags: Camilla Salander, Ce qui ne me tue pas, Film, Lagercrantz, Larsson, Lisbeth Salander, Mikael Blomkvist, Millénium, Thriller 6 commentaires