Reçu lors de mon swap rouge avec Mabu, La Voix du couteau est le premier tome de la trilogie Le Chaos en marche de Patrick Ness. Les premières pages furent surprenantes et m’ont fait hésiter sur ma volonté à continuer. Mais le pitch était passionnant et les goûts littéraires de Mabu ne sont plus à prouver alors j’ai pris mon courage à deux mains et continué ma lecture… Pour mon plus grand bonheur.
Todd est à un mois d’avoir 14 ans. Pour vous, ça signifie peut-être peu mais pour lui, ça change tout : dans un mois, il deviendra un homme. Et à Prentissville, être un homme signifie entrer dans le secret. Car à Prentissville, il n’y a plus aucune femme ni aucun enfant (à part Todd, le dernier) depuis qu’un virus alien a ravagé la population. Un virus qui a tué les femmes et forcé les hommes à partager toutes leurs pensées. Ils entendent ce qui se passe dans la tête de chacun en permanence ; c’est ce qu’on appelle le Bruit.
Déstabilisant & innocence.
Le roman s’ouvre sur le point de vue interne d’un jeune garçon, partiellement illettré, qui ne sait pas très bien s’exprimer, manque de vocabulaire, fait des fautes d’orthographe et a du mal à construire ses phrases. Il en résulte un style d’écriture assez déstabilisant qui m’a, au premier abord, fait craindre de ne pas réussir à rentrer dans l’histoire. Au début, j’espérais fermement que le style s’améliore au fil du récit, de la même manière qu’on pouvait le constater dans Des Fleurs pour Algernon par exemple, mais cela ne change pas. Et étonnement, on s’y fait, même quand on a des tendances monomaniaques telles que les miennes. Cela renforce même la proximité que l’on peut ressentir avec notre jeune héros qui nous dévoile ainsi son regard propre sur les événements en train de se dérouler sous nos yeux.
Parce que ce qui fait la nature profonde de ce personnage est au cœur même de l’histoire, l’innocence est un thème récurrent de ce roman. L’innocence perdue, l’innocence à protéger, l’innocence qui fleurit au milieu de n’importe quel milieu, même entouré de la perversion la plus totale. Le roman semble partir du postulat de base que l’enfant est naturellement innocent et que ce qui change sa nature, c’est avant tout la façon dont on l’élève : c’est une pâte malléable qui s’adapte à l’environnement dans lequel il grandit. Et c’est un enjeu majeur que de ce premier tome que de savoir si Todd a pu conserver ou non son innocence d’enfant malgré le milieu excessivement malsain dans lequel il a été élevé, son innocence étant la seule chose qui puisse encore le protéger face au reste du monde.
Manipulations & folie.
Plus encore que le style, ce qui contribue à cet aspect totalement déstabilisant du roman, c’est aussi la relative notion de vérité. Quand on nous présente un univers, qui plus est de science-fiction, on prend ce que l’auteur nous dit pour acquis. Mais ici, tout est constamment remis en question. Ce que le personnage croit réel depuis toujours ne l’est pas forcément. La vérité est toute relative, limitée à ce que l’on a bien voulu partager avec lui, et donc avec nous. On avance à tâtons, distinguant le vrai du faux au fur et à mesure de notre progression. Parce que dans cet univers, tout est mensonge, car le mensonge permet de manipuler les gens, de les contrôler. En faisant adopter aux gens leur propre notion de la vérité, les hommes malintentionnés ne connaissent plus de limite à leur pouvoir.
Et lorsque cette manipulation devient la plus criante, c’est lorsque l’on comprend enfin les motivations des hommes de Prentissville à cacher cette vérité. Des motivations entièrement fondées sur une vision de la vie biaisée. Des motivations qui se fondent sur un prétexte religieux mais de cet extrémisme religieux qui déforme les paroles saintes pour les détourner au point d’en faire l’opposé des valeurs qu’elles portent originellement. De cet extrémisme qui frise la folie et le devient réellement chez certains hommes. Une folie face à laquelle Todd doit apprendre à se prémunir.
Donc si vous avez l’occasion de mettre la main sur Le Chaos en marche : La Voix du couteau, surtout, ne vous laissez pas effrayer par le style déstabilisant au premier abord. Tout est pensé, réfléchi et adapté à l’intrigue que Patrick Ness veut nous présenter, qui devient très vite addictive et pleine de bonnes idées. Hâte de passer au tome 2 !
Ouh, il a l’air hyper bien !! J’aime beaucoup beaucoup Patrick Ness, depuis que j’ai été totalement embarquée par Quelques Minutes après minuit et par Release … Deux beaux coups de coeur, il faut absolument que j’en lise d’autres 😀
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Pour une première découverte de l’auteur, c’était parfait ! Je fini la saga et je m’attaquerai sûrement aux autres romans de l’auteur, du coup :p
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Je me le note donc, car je veux bien voir ce que cela donne avec cette inpression de chaos.
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J’avais adoré cette saga dont on ne parle pas assez je trouve! 🙂 J’espère que la suite continuera à te plaire!
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A moins que le ton ne change radicalement, j’ai du mal à croire qu’elle ne me plairait pas ! Surtout que cette fin est terrible : j’ai hais les cliffhangers… xD
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Hahaha bonne lecture de la suite 😉
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Je l’ai lu très récemment aussi et j’ai beaucoup aimé, même si je te rejoins sur la narration assez déstabilisante. Comme tu le soulignes, c’est un roman qui engage des réflexions vraiment intéressantes !
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Au début, je pensais vraiment ne pas aimer si le style perdurait ainsi durant tout le roman. Mais au final, c’est vraiment une de ses grandes forces.
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Une de mes sagas préférées. Cette écriture si particulière c’est aussi une des grandes forces du roman à mon sens !
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C’est vrai ! C’est ce qui nous intègre vraiment à la psyché du héros et nous fait comprendre comment il a pu être rendu si aveugle par sa communauté 🙂
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Cette trilogie est unique et fabuleuse !
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