Des Souris et des hommes, de Steinbeck

       Le citer très récemment dans mon « 8 idées » consacré aux États-Unis m’a fait réaliser que je n’avais jamais écrit d’article sur Des Souris et des hommes de John Steinbeck. Sachant que c’est un roman que j’adore, je considère que c’est une erreur à réparer aussi vite. Nous voilà donc partis, chers lecteurs, pour une plongée dans l’Amérique profonde des années 30.

        George et Lennie sont des amis de toujours. Mais Lennie est lent d’esprit et ce n’est pas simple pour lui de s’intégrer à la société. Tous deux travaillent comme saisonniers dans un ranch avec l’espoir lointain de posséder un jour leur propre exploitation mais très vite, la discrimination dont est victime Lennie tourne au drame.

Ligne horizontale       Préjugés & injustice.

        Dans Des Souris et des hommes, on découvre une Amérique profonde bloquée dans le passé. Dans cet univers, la loi du plus fort est encore d’actualité. Un mode de vie qui s’adapte à son environnement hostile et qui permet à chacun de renvoyer l’image qu’il souhaite : une image forte et in touchable sensée le préserver des autres. Cependant l’innocence de Lennie l’empêche de se fondre dans ce moule. Ce personnage à la naïveté presque enfantine se dévoile totalement, n’hésitant pas à montrer ses faiblesses. Différent des autres, il fait peur.

      Et forcément, dans un tel contexte, la peur est dissimulée sous un voile d’agressivité latente. Pour éviter d’être assimilés à lui, les hommes se doivent de le rejeter. La discrimination règne ainsi en maître, car la différence est une tare dont on ne voudrait être affecté. De là résulte l’injustice profonde que dénonce le roman : les préjugés ont vite tendance à se transformer en accusations gratuites. Impossible de se défendre dans de telles circonstances. Quand le jury populaire ne cherche à comprendre, on est condamné d’avance.

Ligne horizontale         Dureté & beauté.

      Une réelle dureté se dégage alors du roman. L’environnement qui entoure les personnages est terriblement hostile à leur présence et semble donc l’être, indirectement, au lecteur qui éprouverait une empathie pour ces deux protagonistes. On les voit terriblement précautionneux pour essayer de s’intégrer sans faire de vagues, de se fondre dans le paysage, et pourtant ils détonnent malgré tous leurs efforts. Lennie à cause de son innocence, George à cause de l’amitié qu’il lui porte. La douceur, en somme, n’a pas sa place dans cet univers fait de rudesse.

      Et pourtant, malgré l’histoire profondément tragique que nous conte le roman, il ne peut s’empêcher de dégager une réelle beauté cachée en toutes choses. En effet, à travers ses pages, on ressent le plaisir enfantin de Lennie à caresser des choses douces, on ressent la force de l’amitié qui lie les deux hommes, on perçoit la magnificence du paysage sec et puissant qui les entoure… On ne peut, en somme, que ressentir une certaine attraction pour cet univers bien particulier que Steinbeck nous invite à découvrir. Autant son style que son sujet touchent et amènent le lecteur à s’imprégner d’une beauté des lieux insoupçonnée. Une véritable plongée dans la vie de ses protagonistes, avec les bons côtés comme les moins bons.

      Vous l’aurez compris : pour moi, Des Souris et des hommes est un incontournable de la littérature. C’est un roman fort, marquant, qui ouvre de nouvelles perspectives à notre regard et qui me donne incontestablement envie de lire d’autres romans de l’auteur – notamment le bien connu Les Raisins de la colère – mais ça bien sûr, « c’est une autre histoire, qui sera contée une autre fois ».

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