Damenndyn 1, de Rose Berryl

       Tout premier roman publié par mon partenaire récurrent CKR Editions, Damendynn 1 : Le Grimoire d’Esklaroth est signé par leur auteure-phare, connue pour sa saga épisodique Nekromantia, j’ai nommé Rose Berryl. J’avais hâte de me replonger dans l’univers de cette auteure qui m’a déjà conquise et j’avoue avoir été très heureuse de le retrouver. Malheureusement, l’histoire ne m’a pas totalement convaincue pour autant.

challenge 4 éléments

      Damenndyn est une jeune orpheline, encore étudiante, qui se retrouve du jour au lendemain en possession d’un mystérieux grimoire. Elle qui rêve d’aventures ne sera pas déçue en découvrant l’histoire d’un château maudit mais elle n’est peut-être pas encore prête à apprendre qu’elle pourrait bien changer le monde, envahi par une puissance obscure inconnue.

Ligne horizontale         Univers & sous-texte.

        Grande lectrice de Nekromantia depuis le début de mon partenariat avec la maison d’édition CKR, je suis déjà séduite par le style de Rose Berryl depuis un moment et il se retrouve aisément dans cette nouvelle saga. Bien loin d’une rupture violente, on sent que les deux œuvres prennent place dans un même univers étendu, lointain et quelque peu familier à la fois. Rose Berryl conserve des thèmes forts tels que l’égalité des sexes, la balance des pouvoirs et la recherche de liberté tout en innovant sur la forme du récit, passant de l’épisodique à l’alternance des récits. L’univers créé par l’auteure est riche, foisonnant et passionnant : on est attiré en son sein avec beaucoup de douceur, charmé par ses personnages et toujours plus curieux de le découvrir couche par couche.

        On sent également une réelle volonté de la part de celle-ci à offrir un double niveau de lecture à son œuvre. Au-delà de la simple aventure fantasy mystérieuse, on perçoit de nombreux messages sous-entendus disséminés dans le roman. L’auteure ne semble pas souhaiter rester dans le divertissement superficiel mais aussi tenter d’y apporter une certaine réflexion ponctuelle s’intégrant parfaitement à l’évolution de l’intrigue et de ses personnages. On perçoit une lutte farouche pour l’indépendance des femmes, par exemple, dans un univers médiéval fantasy où ce n’est pas forcément une évidence en soi. On découvre également un sens de l’altruisme et du service aux autres de la part des personnages princiers qui frise la critique envers certains régimes royalistes. On devine, encore, une ouverture aux autres fortement prônée. Bref, de nombreuses choses à décrypter par soi-même, en bons lecteurs actifs que nous sommes.

Ligne horizontale         Faiblesses & clichés.

         Cependant, Rose Berryl, malgré toutes ses qualités, conserve quelques faiblesses de jeune auteure qu’il est difficile d’ignorer. En effet, l’auteure a créé un univers extrêmement dense, qu’il est plaisant de découvrir au fil des pages mais dont l’immersion est souvent bloquée par des explications beaucoup trop forcées. Je m’explique : régulièrement, des personnages se mettent à dialoguer dans le seul but d’expliquer au lecteur le fonctionnement de telle ou telle chose dans leur univers. Ces dialogues sont lourds, peu subtiles et peu crédibles pour le lecteur. On a alors vraiment l’impression d’être dans un tome d’exposition de l’univers, entrecoupé de scènes d’action pour nous occuper, mais pas d’être plongé complètement dans l’intrigue. On attend qu’une introduction trop longue touche à son terme pour mieux se plonger dans la suite, et c’est dommage.

         De même, de nombreux clichés demeurent présents dans Damenndyn – comme on en sentait quelques prémices dans Nekromantia – et c’est à double tranchant. D’un côté, ça rassure le lecteur qui reconnaît d’expérience des figures facilement identifiables et n’est ainsi pas perdu dans le foisonnement de personnages. D’un autre côté, cela peut devenir très vite lassant. La guerre entre l’elfe distingué et le nain bourru amateur de bières, c’est drôle mais c’est aussi déjà vu maintes fois. Alors pour certains aspects, cela demanderait certainement à être un peu allégé. Mais pour d’autres, l’auteure fait cela avec beaucoup de délicatesse et/ou d’auto-dérision selon les moments – je ne vous en dis pas plus pour que vous le découvriez par vous-même – et cela passe très bien, créant même une complicité certaine et très agréable avec le lecteur.

        Une lecture mitigée pour moi avec Damenndyn. J’ai été heureuse de retrouver le style de l’auteure mais ai trouvé l’intrigue un peu poussive pour ce premier tome. Nul doute que je lirai la suite cependant, en espérant fermement y trouver davantage d’innovations.

5 réflexions sur “Damenndyn 1, de Rose Berryl

  1. Il faut savoir que ce premier tome est une réédition (la première parution date de 2004 et constituait la première publication de Rose Berryl). Il est donc, à mon sens, normal d’y retrouver quelques faiblesses.
    Vivement le tome 5 (qui n’a jamais été publié à ce jour et où nous aurons tout le loisir de voir l’évolution du style de l’auteur).

    Chronique très intéressante, qui me motive à relire cette saga haute en couleur.

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    • Effectivement, le côté « jeune auteure » se sent, d’autant plus que j’ai commencé à la découvrir avec des écrits datant de plus tard dans sa carrière, du coup. Mais je suis bien curieuse de lire la suite aussi ! ^^

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