La Pâtissière de Long Island, de Sylvia Lott

        Cette semaine, on n’y échappe pas chers lecteurs : c’est l’heure du petit papier ! Et je vous reviens en forme avec une lecture toute récente, à savoir La Pâtissière de Long Island de Sylvia Lott. Cadeau d’une amie, ce roman me fait sortir de ma zone de confort puisque c’est une romance historique, genre littéraire vers lequel je ne me serais jamais tournée de moi-même. Cette lecture m’a divisée : le livre alterne entre présent et passé et si j’ai adoré l’histoire passée, l’actuelle m’a laissée totalement indifférente. J’ai donc aimé et pas aimé à la fois, sentiment étrange.

challenge 4 éléments

On suit en parallèle deux histoires : Marie, jeune allemande des années 30 qui émigre aux États-Unis, et Rona, sa petite-nièce qui apprend beaucoup de son aînée. Toutes deux doivent apprendre à s’en sortir dans leurs vies autant professionnelles que sentimentales bien compliquées.

Ligne horizontale         Migration & nazisme.

        Ce qui a réussi à me captiver dans ce récit, c’est bien cette migration que doit vivre Marie. Pour elle, c’est une acculturation forcée qu’elle doit vivre mais on peut également voir, autour d’elle, ses frères et sœurs pour lesquels c’était une véritable volonté. À travers la grande famille de Marie, on peut constater la diversité des profils de ces migrants quittant leurs terres natales pour se construire une autre vie ailleurs. Dans notre époque actuelle, où la migration est de moins en moins vécue et perçue favorablement, il est intéressant de replonger dans notre passé commun – l’Histoire avec un grand H -pour revivre indirectement ces migrations passées qui peuvent nous donner un regard différent sur les migrations présentes. Un migrant ne doit pas être défini par son état de migrant mais par tout ce qu’il apporte et apprend dans son nouveau pays, sa terre d’adoption qui peut devenir bien plus pour lui que sa terre d’origine.

         Par ailleurs, le récit prend place à une période historique très particulière puisqu’on y voit émerger une Guerre Mondiale encore bien prégnante dans nos esprits et toujours aussi vivace en littérature. Mais le point de vue est vraiment original dans ce roman puisqu’on suit une jeune fille allemande totalement déconnectée des réalités de son pays et plutôt désintéressée des questions politiques. Ainsi, tout au long de l’histoire, on perçoit des indices du mouvement nazi qui se développe en Allemagne et prend de l’ampleur jusqu’à devenir de plus en plus effrayant mais cela n’est jamais réellement formalisé dans le texte : Marie ne comprend pas le danger que représente ce mouvement et n’en réalise les implications que très tardivement. On a donc le point de vue de toute une population d’origine allemande aussi scandalisée – si ce n’est plus, puisque concernant des proches – par cette idéologie que le reste du monde. On rappelle subtilement mais de manière très marquante que le nazisme, ce n’est pas l’Allemagne, ce n’en est qu’une minorité désapprouvée.

Ligne horizontale         Romance & apports.

         Et sur ce fond de récit historique, l’intrigue générale du livre présente une double romance. D’un côté, on a la jeune Marie, tombée amoureuse d’un professeur protestant de son petit village d’Allemagne et envoyée au loin par son père, fervent catholique désapprouvant cette union. De l’autre côté, on a Rona, quarantenaire d’aujourd’hui qui apprend à surmonter une rupture difficile grâce aux bons conseils de sa grand-tante et qui s’apprête à reprendre sa vie en main. La construction littéraire des deux personnages se fait totalement en parallèle, les deux portraits s’enrichissant l’un l’autre par leurs différences et similarités. Et l’histoire d’amour gagne ainsi en intemporalité, étant la seule constante invariable quelles que soient les époques qu’on traverse.

       On a alors deux images de femmes fortes, qui n’en ont pas forcément l’air à l’origine mais qui se révèlent au fil de leurs aventures. Leurs aspirations grandissent de pair avec leur perception du monde et leur affirmation de soi. De femmes naïves qui semblent se complaire dans une espèce d’image de faiblesse confortable, elles prennent conscience de tout leur potentiel et prennent pleinement en main leurs destins respectifs pour se bâtir une vie qui les rendent heureuses, chacune à sa façon.

       Une lecture vraiment intéressante, qui m’a faite sortir de ma zone de confort et qui m’aura passionnée par certains côtés mais dont quelques faiblesses n’en feront toujours pas un genre de prédilection pour moi.

Publicité

3 réflexions sur “La Pâtissière de Long Island, de Sylvia Lott

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s