Après des années de traumatisme scolaire à refuser toute lecture imposée par le programme, je peux enfin dire que c’est de plein gré que je me suis décidée à lire La Princesse de Clèves de Madame de la Fayette. C’est par envie de revenir un peu à un classique et sur le conseil d’Angela Koala que je me suis lancée dans cette lecture dans l’idée d’avancer un peu mon challenge de longue haleine des 100 livres à avoir lus dans sa vie.
L’histoire est une classique intrigue de cour. Parmi toutes les précieuses qui se disputent les faveurs des unes et des autres grandes dames, se trouve l’éblouissante Mademoiselle de Chartres qui s’attire les faveurs de bien des hommes. Ce n’est qu’après avoir accepté le mariage avec l’un de ses prétends, Monsieur de Clèves, que la désormais Madame de Clèves ressent enfin les passions de l’amour. Ce n’est malheureusement pas pour son mari que bat son cœur mais pour un autre prétendant auquel il lui faut résister, le charmant Monsieur de Nemours.
Amour courtois & historicité.
La Princesse de Clèves est l’archétype même du roman courtois. Il présente l’amour chaste entre un homme de la haute société avec une femme tout aussi bien positionnée socialement mais, elle, mariée à un homme dont elle n’est pas amoureuse. Entre la bienséance qui empêche à la femme de commettre l’adultère et les intrigues de cour qui viennent compliquer toutes les situations et oblige les deux amants de même s’avouer leurs sentiments, on a donc affaire à un récit complexe mais aux thèmes on ne peut plus classique. L’amour courtois reprend toujours exactement le même schéma de cet amour partagé mais impossible à cause du mariage, de cette beauté exceptionnelle des deux amants et de la grande vertu de la femme qui refuse de céder mais aussi de la passion qui ne peut éviter de s’essouffler que grâce à ce refus. L’amour courtois est en fait très cynique puisqu’il suppose que l’amour ne peut durer dans le temps si la femme cède ; seule la tentative de conquête constante permet de pallier à l’inconstance amoureuse de l’homme. En cela, un récit d’amour courtois ne peut jamais bien finir : soit il s’achève par l’amoindrissement de la passion, soit par le refus perpétuel.
L’amour seul ne se retrouve cependant pas au cœur du roman de Madame de la Fayette. Si celui-ci a connu un tel succès et une telle postérité, c’est aussi parce qu’il nous en apprend beaucoup sur la vie à la cour. En effet, il reprend des personnages et événements historiques bien connus qu’il nous retrace d’un point de vue bien plus personnel que n’importe quel livre d’Histoire, s’attardant sur l’aspect humain et social plus qu’illustre. Ce peut être un avantage comme un inconvénient. Toute personne éprouvant une certaine forme de curiosité intellectuelle face à l’Histoire pourra y trouver son plaisir, avec un côté sociologique non négligeable. En revanche, quelqu’un n’ayant aucune base en Histoire et ne s’y intéressant pas particulièrement pourra vite se retrouver perdu dans l’avalanche de noms et dans le déroulé des événements décrits par le roman, se détachant souvent de l’intrigue amoureuse pour suivre les péripéties de la cour.
En bref :
La Princesse de Clèves ne fait pas partie des grands classiques de la littérature française pour rien. À lui seul, il pose toutes les bases du roman courtois pour qui souhaiterait découvrir ou approfondir sa connaissance de ce genre tout en proposant une intrigue suffisamment prenante et pleine de péripéties pour accrocher son lecteur tout en l’instruisant incidemment sur les mœurs de la cour de l’époque. Replacé dans son contexte, ce livre a donc tout pour plaire. Hors contexte, un lecteur peu enclin à ce genre de littérature pourra en revanche lui trouver des défauts en comparaison des romans contemporains puisqu’il n’a plus tant su garder, à travers les siècles, l’originalité et la fraîcheur de la jeune plume.
J’ai toujours refusé de lire ce livre car j’en avais étudié des extraits en cours mais alors je m’étais bien énervée comme jamais face aux stéréotypes et au conditionnement que la religion peut mettre en place. Disons que je ne suis pas arrivée à placer le livre dans son contexte et que j’avais mon regard très contemporain face à cette oeuvre qui, tu le dis si bien, a mal vieilli.
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Tout comme toi, j’ai du mal à accepter l’image de la société de l’époque. Il faut essayer de se dire que les mœurs étaient différentes pour que ça passe à la lecture mais ça n’en donne pas plus envie d’aimer ce qu’on y trouve.
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moi par contre j’en ai un très mauvais souvenir de lecture imposée ^^ 😉
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Je me suis toujours refusée à le lire en cours justement parce que je savais que je ne l’aurais pas supporté en tant que lecture imposée, donc je te comprends très bien ! ^^
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Génial ton article, tu définie très bien l’atmosphère du roman 🙂
Alors du coup, est-ce que tu as beaucoup apprécié ou bien c’est resté une lecture sympathique?
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C’est resté une lecture sympathique pour moi, honnêtement^^ Même si je vois l’intérêt du roman et ne crache pas dessus, loin de là, je ne me suis pas franchement passionnée pour les intrigues de cour !
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Ahahah oui ça ne peut pas faire chavirer le cœur de tout le monde. Tant mieux déjà si ça n’a pas été une corvée de le lire comme à l’école.
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Je suis contente de l’avoir enfin découvert, t’façon. Et dans de bonnes conditions, oui^^ Et ça reste un modèle canonique de roman courtois qu’il est bon de connaître !
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Je l’ai étudié pendant mes études, j’avais beaucoup aimé !
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Tu écris vraiment très bien ! 🙂 Je ne l’ai jamais lu mais c’est dans ma PAL car pour moi c’est un classique et c’est toujours bien de savoir « comment c’était avant » 🙂
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Il me semble l’avoir lu pour le concours lecture de mon ancien lycée mais ça m’avait plutôt ennuyée. Je pense que c’est parce que je ne connaissais pas l’Histoire derrière.
Mais, j’ai vu le film il n’y a pas longtemps et j’avais vraiment bien aimé même si c’est long 🙂
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Le côté très historique m’a aussi pas mal perdue, moi qui n’y connais pas grand chose. Après, j’ai apprécié l’intérêt littéraire du roman plus qu’autre chose^^
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Je le relirai pour le challenge je pense ^^
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Comme toi, j’ai lu ce livre de mon plein gré et j’en garde un excellent souvenir (c’était il y a 2/3 ans ptet), c’est avec ce livre et Le comte de Monte Cristo que je me suis dit que peut-être je n’étais pas si allergique que ça aux classiques français (sentiment que m’oppressait depuis le lycée ^^) comme quoi… les profs ne pitchent pas assez bien les classiques lol
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Ahah ! On devrait créer des teasers façon films hollywoodiens pour donner envie de lire les classiques, en fait !
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Franchement si on m’avait teasé Une vie comme ça je serai ptet pas traumatisée de Maupassant XD
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Il fait partie de mes romans préférés. Il est passionnant à étudier car considéré comme le premier roman psychologique. J’ai beaucoup aimé les intrigues de cour, et je trouve qu’on peut avoir différents avis sur le comportement de la princesse de Clèves, et cette possibilité de multiples analyses est passionnante !
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