Quand Mark Gatiss, l’inénarrable scénariste de la série Sherlock et interprète de Mycroft Holmes, se fait romancier, difficile de résister. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que j’ai savouré le premier tome des Aventures de Lucifer Box, Le Club Vesuvius, l’année dernière et que j’ai succombé aux attraits du second, L’Ambre du diable, il y a quelques jours à peine. Indéniablement inspiré de lui-même, Mark Gatiss créé dans cette saga un héros au charme plus qu’envoutant.
En apparence, Lucifer Box est un peintre talentueux, d’une beauté fracassante, et d’un dandysme assumé. Mais dans l’ombre, Lucifer Box est également un agent secret au service de sa Majesté, doté d’un humour ravageur, d’une grande liberté de mœurs et d’un égo à la hauteur de ses exploits.
Dandysme & humour.
Ce qui fait tout le charme de ce roman, c’est avant tout son protagoniste, Lucifer Box, archétype du dandy fier de l’être. En lui, on retrouve certainement beaucoup de Mark Gatiss mais aussi un peu de tous ces personnages de dandy qui ont marqué la littérature anglo-saxonne. De Sherlock Holmes à Dorian Gray, Lucifer Box emprunte, réinvente et s’amuse avec les traits du dandy de l’époque classique pour mieux nous séduire. Entre élégance étudiée et désinvolture apparente, le dandy représente une image de la classe à l’anglaise qui traverse les époques sans jamais s’émousser. Cet aspect participe ainsi grandement à l’esthétisme de l’œuvre qui nous renvoie à une tradition littéraire riche et vivante.
L’originalité de ce personnage, cependant, face à ses prédécesseurs, tient à l’humour propre à son créateur, Mark Gatiss. Cet humour que l’on aime tant dans ses scénarios de série se retrouve très présent dans son écriture romanesque. Avec un personnage à la fois très imbu de lui-même et pourtant capable de se moquer de sa propre personne – mélange assez paradoxal mais qui fonctionne étonnement très bien – et un auteur-narrateur qui sait créer des situations assez cocasses pour tourner gentiment son héros en dérision. Pour un roman qui correspond plutôt au genre du policier, avec une enquête au cœur de l’intrigue, cette dimension humoristique est originale et très appréciable. D’autant plus que Mark Gatiss ne se contente jamais de donner dans l’humour facile, un peu rocambolesque, mais s’amuse plutôt à faire dans la subtilité et les jeux de mots.
Époques & faiblesse.
Les deux tomes de cette saga s’inscrivent dans deux époques différentes : se déroulant avec vingt ans d’écart, ils nous présentent une population et un héros qui ont radicalement changé. L’art, la mode, les habitudes ont évolué et notre héros, autrefois jeune homme bien dans son temps, commence à prendre de l’âge, douter de lui et à se sentir en décalage avec son époque. Entre 1900 et 1920, s’opposent ainsi deux civilisations, d’avant et d’après guerre, cristallisée par ce héros et son rapport au temps dans lequel il évolue mais nous permettant aussi habillement de changer totalement d’ambiance visuelle d’un roman à l’autre, laissant notre esprit se figurer une image mentale sans cesse renouvelée.
Le gros reproche que j’aurais à faire à ces deux premiers tomes, en revanche, c’est une faiblesse certaine de l’intrigue par rapport à la force de son héros. Malheureusement, l’aventure qui vit Lucifer Box, bien qu’intéressante, n’est pas à la hauteur. Je ne suis certes pas une grande lectrice de romans à enquête mais quand Millénium avait su me tenir en haleine jusqu’à la dernière page, j’avais deviné de gros pans de l’intrigue du Club Vesuvius comme de L’Ambre du Diable bien avant la fin, sans aucun doute possible, et je trouve que ça rend la lecture assez exaspérante par moment que de voir le personnage si lent à comprendre ce qui nous semble pourtant évident. On est bien loin du suspense haletant de la série Sherlock et ce n’est donc pas l’intrigue – malgré tout originale, et c’est peut-être ce qui est le plus dommage dans l’affaire ! – qui motive ma lecture de cette saga mais bien son protagoniste, drôle, anticonformiste, et même attachant à sa façon.
Plus qu’une histoire, c’est donc un personnage que je vous invite à découvrir avec Les aventures de Lucifer Box, un personnage qu’on imaginerait volontiers sur grand écran pour nous entraîner toujours plus loin dans ses folles aventures.
Je te rejoins sur le fait que les intrigues ne sont pas hyper poussées, après, je ne pense pas que c’était le but de Gatiss en écrivant cette trilogie…. Cela dit je comprends ton ressenti 🙂 Faut dire quand même le personnage de Lucifer Box vaut quand même sacrément le détour ! J’ai hâte de voir ce que le 3e tome nous réserve d’ailleurs !!
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Je serais juste curieuse de découvrir au minimum le 1er tome pour son héros, vu ce que tu expliques ^^.
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Ben voilà, un livre de plus à ajouter à ma PAL !
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C’est vraiment le personnage qui m’attire moi dans ces romans! Le 1er tome est déjà dans ma WL depuis un bon bout de temps, du coup je pense que je vais craquer dans pas longtemps ^^
Victoire
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Ils me font de l’œil depuis un moment ceux-là!
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Ah quel dommage, je me tatais un peu pour cette série mais le côté intrigue faiblarde me fait abandonner l’idée
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Cette série me donne super envie depuis un moment (en fait depuis ton article sur le tome 1). C’est vraiment dommage pour l’intrigue, mais je pense que je vais me laisser tenté par ce personnage qui s’annonce haut en couleur ^^
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