Cela fait quelques temps déjà que ce deuxième tome de La Passe-Miroir, faisant suite aux Fiancés de l’hiver, est sorti et pourtant, j’avais résisté jusque là à l’envie de sauter sur Les Disparus du Clairdelune. Pourtant, c’est désormais chose faite et quel bonheur de se replonger dans l’univers de Christelle Dabos. Ophélie, héroïne que je trouvais trop effacée dans le premier tome, s’affirme enfin et égale maintenant les savoureux personnages secondaires qui lui volaient jusqu’alors l’affiche. Eux-mêmes ne sont cependant pas en reste et continuent à développer leurs caractères bien trempés. Par ailleurs, le mystère s’épaissit autour de l’histoire des Esprits de Famille et l’auteure s’amuse à mêler un nouveau genre à son roman de fantasy en nous entraînant dans une enquête haletante.
Alors que le mariage d’Ophélie et de Thorn approche à grands pas, la famille d’Ophélie, inquiète pour la jeune femme, débarque au plus mauvais moment : d’étranges disparitions ont lieu au Clairdelune, jusqu’alors l’endroit le plus sécurisé du Pôle, et ce sont aux eux fiancé d’enquêter sur l’affaire s’ils ne veulent s’attirer les foudres de Farouk, l’Esprit de Famille.
Origines & image.
La question des origines est prépondérante dans ce deuxième tome de la Passe-Miroir. En effet, on avait déjà bien vu que chaque personnage était très fortement marqué par sa naissance, héritant du pouvoir de son lointain ancêtre mais aussi d’un caractère modelé aux coutumes de son arche d’origine. Cette fois-ci, nous ne nous intéressons plus seulement aux origines des protagonistes mais à celle des Esprits de Familles eux-mêmes et donc, par ce biais, à celles de l’humanité toute entière puisqu’ils en sont les ancêtres. En s’interrogeant sur leurs origines, ce sont donc des questions de théologie pure qui sont posées dans l’œuvre : d’où venons-nous ? Qui nous a fait tels que nous sommes ? Quel est le but de notre existence ? Des questions qui, bien sûr, restent en suspens mais dont des débuts d’éléments de réponse sont distillés dans ce deuxième tome pour laisser libre court à notre imagination d’ici la sortie du troisième.
Dans une saga intitulée La Passe-Miroir, il n’est certes pas surprenant que l’image tienne un rôle important. Depuis le premier tome, nous savons que, pour traverser les miroirs, Ophélie doit être en paix avec elle-même et donc avec l’image d’elle qui se reflète dans les miroirs. Dans ce deuxième tome, cette règle prend tout son sens puisqu’Ophélie se retrouve justement confrontée à un problème qui l’empêche d’utiliser ce don qui lui était pourtant naturel. Le fait est que, quand les aux personnages, se débattent avec l’image qu’ils donnent d’eux face à la société, c’est envers elle-même qu’Ophélie a besoin de se montrer honnête. Incapable d’assumer ses sentiments, elle se voile la face et doit les accepter pour enfin être de nouveau apte à traverser les miroirs. Plongée dans une société faites d’illusions et de faux-semblants, on trouve donc une héroïne qui ne peut pas même se mentir à elle-même, et donc encore moins autres. Elle représente ainsi ce dont manque cruellement cette société, la vérité et l’acceptation de soir, qui vont être ses plus belles qualités pour affronter les épreuves qui l’attendent.
En bref :
Bien loin de se contenter des intrigues mises en place dans le premier livre, Christelle Dabos sait très bien renouveler ses thèmes dans ce deuxième tome, entre théologie et acceptation de soi. Son univers déjà dense gagne cette fois en profondeur, tout comme les personnages qui le peuplent. À une histoire résolument fantasy, s’ajoute un côté « roman policier » qui tient en haleine plus que jamais et fait attendre impatiemment la suite de cette aventure extraordinaire.
Oh très bel article et belle analyse ! Effectivement cette acceptation de soi est particulièrement prépondérant quand on y pense, symbolisé par deux marginaux : Thorn et Ophelie. Je n’y avais pas pensé avant de lire ton billet, alors merci pour m’avoir fait prendre conscience d’une nouvelle facette. 😊
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J’y pensais moins pour Thorn en rédigeant mais tu as raison, c’est même leur marginalité qui les rapproche, au final ! 🙂
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C’est ça ! Je suis toujours soufflée par Thorn, cette façon qu’il a d’être ce qu’il est et qu’importe ce que pense les autres.
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Heureuse de voir que nous avons a peu prés le même ressenti vis-à-vis de ce tome.
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