Bien qu’elle ne date pas d’hier, je vous ai récemment parlé de cette saga il y a peu, lors de mon Summer Rainbow Rouge et cela m’a fait réaliser que j’aurais bien aimé vous vanter un peu plus les qualités de cette belle série jeunesse qu’est Artemis Fowl d’Eoin Colfer. À mi-chemin entre la fantasy et la science-fiction mais de façon toujours assez simple pour parler à un jeune public, Artemis Fowl, malgré son intrigue a priori assez simpliste, sait encore me passionner à 20 ans passés grâce aux jolis messages qu’y délivre l’auteur et à l’originalité dont il sait faire preuve.
L’histoire est celle d’un jeune génie, Artemis Fowl, dont le père a disparu et dont la mère semble avoir sombré dans la folie. Officieusement à la tête d’une fortune familiale qui se délite au fur et à mesure de ses recherches dans le monde pour retrouver son père, Artemis cherche un moyen pour renflouer son compte en banque. Sa solution : kidnapper une fée pour réclamer une rançon car les fées existent bel et bien, dans un monde secret ultra-technologique, et seul Artemis est assez jeune pour y croire encore tout en étant assez intelligent pour les débusquer.
Technologie & secret.
Dans une histoire de fées, il n’est certes pas étonnant de trouver de la magie et Artemis Fowl ne fait pas exception à la règle : oui, le petit peuple, contrairement à nous, est doté de pouvoirs magiques qu’il ne se prive pas d’utiliser. En revanche, là où Eoin Colfer fait preuve d’une grande originalité, c’est dans sa façon de lier magie et technologie. Contrairement aux univers fantasy médiévaux auxquels nous sommes habitués et qui nous laissent entre que magie et modernité ne font pas bon ménage, la magie remplaçant aisément tout besoin d’évolution technologique, l’auteur a ici voulu développer un univers ultra-technologique, très en avance sur notre propre niveau. Dans Artemis Fowl, au lieu de remplacer la technologie, la magie la pousse donc à évoluer, la nourrit pour créer des avancées inédites et lui permet de s’affranchir de certains mystères de la nature.
Cependant, cette avancée technologique découle avant tout une nécessité pour la communauté féérique. En effet, tous ce systèmes leur permettent de se cacher des humains suite à une guerre inter-espèce perdue par les fées des siècles auparavant. Outre le réalisme qu’instaure ainsi l’auteur en expliquant de façon rationnelle pourquoi le lecteur ignore tout de ce monde secret, Eoin Colfer rajoute également une touche tragique – et un tantinet culpabilisante – à son récit et supprime encore davantage la tentation d’un manichéisme trop simplet. Alors que le lecteur est naturellement incliné à prendre le parti du héros qui, même si ses moyens sont discutables, démontre au moins des objectifs louables – à savoir, réunir de l’argent pour retrouver son père et prendre soin de sa mère -, on a également droit au point de vue de l’antagoniste principal de ce roman, Holy Short, la fée enlevée, et ses compagnons qui font tout pour sauver leur peuple d’une révélation au grand jour qui serait catastrophique. On hésite ainsi entre les deux camps, ne trouvant pas réellement de méchant à blâmer mais assistant plutôt à un duel d’intelligences que ne gagnera pas le mieux intentionné mais le meilleur, tout simplement.
Humanité & écologie.
Par cette guerre, est aussi mise en exergue la possible cruauté des humains que représente d’ailleurs très bien cet anti-héros qu’est le personnage d’Artemis Fowl. Noyé sous trop de responsabilités trop jeune, enfermé dans son écrin doré sans avoir eu suffisamment de contacts humains pour développer un véritable sens de l’empathie qui pourrait adoucir sa personnalité, Artemis est un personnage entièrement calculateur qui ne pense qu’aux fins sans se soucier des moyens employés et peut apparaître, à cause de cela, comme un personnage très antipathique au début de la saga. C’est donc son contact avec les fées qui, progressivement, l’aidera à évoluer et, assez paradoxalement, à s’humaniser. Il s’aperçoit que des êtres non-humaines, qu’il ne jugeait pas dignes de lui, partagent pourtant les mêmes sentiments que lui et sont finalement dignes d’intérêt. Une leçon de tolérance est ainsi délivrée par cette œuvre, qui pourrait facilement trouver des échos de leçons à tirer des erreurs de l’Histoire, au-delà même de l’œuvre de fiction.
Par ailleurs, Artemis apprend également beaucoup de la façon de vivre des fées qu’il côtoie. En effet, coincées sous terre pour se cacher des hommes, et cherchant à préserver l’équilibre fragile de leur environnement à tout prix, le peuple féérique prône l’harmonie et le respect. Autant l’harmonie avec la nature leur permettant de se ressourcer qu’entre les peuples, même si cela doit se faire au prix de quelques sacrifices – leur liberté de déplacement, en l’occurrence – et le respect des autres tout comme celui de la Terre qui nous héberge. Un profond message écologique se dégage donc de cette saga, pouvant parfois même se trouver au cœur même de l’intrigue, pour apprendre aux plus jeunes à réagir et pour le rappeler aux plus âgés.
La saga Artemis Fowl, vous l’aurez compris, représente donc pour moi bien plus qu’une œuvre jeunesse destinée à divertir : elle offre des personnalités complexes à décortiquer et dispense certain nombre de leçons bonnes à former l’esprit d’un jeune lecteur ou même à faire encore réfléchir un lecteur plus aguerri. J’adorerais avoir vos impressions sur cette saga si vous la connaissez déjà et je vous dis à très bientôt pour un nouvel article mais ça, bien entendu, « c’est une autre histoire, qui sera contée une autre fois ».
Je me suis arrêtée au 3e tome de la saga, parce-que j’ai grandi, que je suis passée à d’autres lectures à ce moment là (Le seigneur des anneaux et Tolkien n’y sont pas pour rien). Et maintenant que tu en reparles, je me dis que je devrais peut-être reprendre parce-que j’avais beaucoup cet univers !
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arf, Artemis Fowl, ma nemesis personnelle xD
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai détesté le premier tome – alors qu’il avait normalement tout pour me plaire ^^;
Du coup, j’ai complétement lâché l’affaire mais je pense que je suis vraiment passée à côté d’un truc pour avoir un aussi mauvais souvenir de ma première lecture…
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Ah ça, il y a des livres, comme ça, avec lesquels on ne peut pas ! J’ai eu le même souci avec La Peau de chagrin, qui m’a révulsée de Balzac à tout jamais (même si j’ai fait un effort de réconciliation il y a quelques mois avec Le Père Goriot xD).
Il faut dire que Artemis est un héros totalement antipathique dans le premier tome (même si on comprend pourquoi il est ainsi, ce qui le rend plus humain, en un sens) donc ça a peut-être joué x)
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J’ai adoré cette saga, elle est vraiment originale. C’est très fort d’avoir un personnage totalement antipathique au début et qu’on finit par apprécier au fur et à mesure des romans et de son contact avec les fées.
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Moi je ne suis même pas arrivée au bout du premier tome… je ne saurais dire pourquoi je n’ai pas accroché tout simplement…
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Il y a des livres, comme ça, auxuqles on n’adhère tout simplement pas ^^ J’ai eu la chance de découvrir Artemis fowl avec mes yeux d’enfants, je ne sais effectivement pas s’il m’inspirerait la même tendresse si je le découvrais aujourd’hui.
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