Pour continuer un peu avec mon challenge des 100 livres qu’il faut avoir lus dans sa vie – 33/100, ça avance doucement ! – mais aussi parce que Salveena du Comptoir de l’écureuil et Arcanes ouvertes me l’avaient recommandé suite au « 8 idées » consacré aux adaptations Disney, je me suis enfin décidée, chers lecteurs, à découvrir Peter Pan dans son texte original. Après un énorme coup de cœur pour ma précédente lecture, Frankenstein, j’avais de grandes attentes pour ce livre dont j’aime beaucoup l’adaptation Disney. Malheureusement, même si j’ai trouvé cette lecture agréable, j’ai été loin d’être transcendée par cette petite histoire.
Vous en connaissez bien sûr l’histoire mais ne dérogeons pas à la règle et faisons-en un petit résumé : les Darling ont trois enfants, Wendy, John et Michael, gardés par une chienne-nounou nommée Nana. Un soir, alors que les parents sont de sortie et que le père, fâché contre Nana, l’a attaché dans le jardin, un jeune garçon volant accompagné de sa petite fée Clochette débarque dans la chambre des enfants : il s’agit de Peter Pan, le garçon qui ne voulait pas grandir. Il est venu chercher une maman pour les garçons perdus réfugiés sur l’Île Imaginaire et convainc Wendy, accompagnée de ses deux frères, de le suivre. Les voilà partis pour des semaines d’aventure sur l’Île Imaginaire, peuplée de pirates, de sirènes, d’indiens, de fées et d’un tas d’animaux étranges. Les jours s’écoulent gaiement, les enfants oublient petit à petit leurs parents en faveur de leur maman Wendy pendant que les pauvres M. et Mme Darling désespèrent de voir un jour revenir leurs enfants.
Rêves & déni.
L’Île Imaginaire est avant tout issue des rêves des enfants, ce qui est très bien représenté dans le livre : on voit les deux garçons reconnaître la lagune qu’ils ont imaginé en dormant et Wendy retrouver la petite louve qu’elle avait adopté dans ses rêves. Cependant, les rêves des garçons perdus sont bien différents de ceux-là. En effet, eux qui autrefois avaient également participé à l’élaboration de l’Île Imaginaire, ils sont loin d’en rêver encore maintenant qu’ils en font partie. Bien entendu, ils s’amusent encore beaucoup sur cette île et apprécient la vie qu’ils y mènent mais une chose leur manque terriblement : une maman. C’est là leur plus grand rêve, avoir une maman qui s’occupe d’eux, qui les soigne, les borde et leur raconte des histoires avant d’aller dormir. N’ayant aucune fille sur l’île, Peter est donc obligé d’aller chercher Wendy pour remplir cette tâche, ce qui fait le bonheur de tous – si l’on excepte les parents Darling. Même s’il refuse de l’admettre, Peter lui aussi a besoin de cette figure maternelle et profite des soins de Wendy également mais celle-ci l’associe plus volontiers à un père s’occupant des enfants perdus avec elle. Ainsi, les rêves de Wendy sont voués à l’échec, Peter ne voyant en elle qu’une maman quand elle-même espère un avenir avec celui qui ne peut en avoir puisqu’il refuse de grandir. On voit donc que les rêves des personnages de Peter Pan divergent et surtout évoluent en fonction de ce qu’ils ont : ceux du monde réel rêve du monde imaginaire mais, une fois dans ce monde imaginaire, ils se mettent à rêver de la vie qu’ils ne peuvent avoir que dans le monde réel.
On se rend également compte que le déni est un élément très important de cette histoire. Peter Pan est incapable de distinguer le réel de l’imaginaire et refuse qu’on contredise ses jeux. Ainsi, les enfants perdus doivent régulièrement faire semblant d’avoir déjà dîné quand leurs ventres crient en fait famine. De même, on apprend que plusieurs d’entre eux sont morts sur l’Île et que Peter fait disparaître ceux qui deviennent trop vieux, pourtant personne ne s’alarme de ce fait – pas plus que du nombre affolant de morts qu’il y a dans cette histoire, d’ailleurs. Ou encore, Peter semble oublier tout et tout le monde aussitôt qu’il a changé d’activités et il prétend avoir été oublié par sa propre mère pour justifier qu’il ne faut pas en éprouver le manque. Bref, tout ce qui pourrait rendre malheureux ces enfants est enfermé dans une sorte de déni, plus ou moins volontaire, qui leur permet de se donner l’air heureux mais qui ne masque pas totalement ce qui leur fait défaut. Seul Peter, coincé dans son monde imaginaire comme s’il en faisait partie intégrante, semble effectivement s’accommoder de tout cela, et encore : il montre tout de même sa faiblesse au départ de Wendy. Ce paradis qui a l’air si idyllique démontre finalement beaucoup de faiblesses cachées et que le lecteur a loisir de découvrir en lisant un peu entre les lignes, se rappelant ainsi la chance de vivre dans un foyer chaleureux et sécurisant.
En bref :
Ce livre, sous des mots colorés et enfantins, a une ambiance finalement très sombre que laisse tout juste percevoir l’adaptation Disney. Il est donc vraiment intéressant d’en faire la découverte pour voir le message que cache l’auteur derrière ce monde imaginaire : on comprend, avec cette lecture, que malgré tout l’attrait que peut avoir une vie libre, sauvage et insouciante, l’enfance a besoin d’un cadre pour grandir et évoluer en douceur car elle n’est pas une fin en soit mais seulement un passage de la vie qu’il faut vivre pleinement sans se laisser totalement happer pour autant. Cependant, en dehors d’une narration originale et intéressante à découvrir et de ce goût doux-amer que laisse le livre en bouche, l’adaptation restitue très bien tous les éléments d’intrigue et on a donc très peu de surprises à la lecture de cette œuvre bien célèbre. Je vous propose de clore cet article avec le leitmotiv qui rythme l’œuvre : les enfants sont des êtres « joyeux, innocents et sans cœur ».
Je compte le lire bientôt dans le cadre du challenge des 100 livres aussi 😉 J’avais en effet cru comprendre que le livre était bien plus sombre que le dessin animé!
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J’espère que tu l’apprécieras, c’est une petite lecture rapide et sympathique dans tous les cas^^
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Peter Pan mon héros 😍
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Les classiques repris par Disney sont en général assez sombres quand on s’y attarde vraiment…
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Oui, c’est bien vrai ! ^^
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Peter Pan ❤ je l'ai lu aussi y'a pas longtemps et ce bouquin n'a fait que renforcer l'amour que je portais déjà au Capitaine Crochet. Ce livre je l'ai adoré, dévoré en une journée. Je regrette même de pas l'avoir lu avant 🙂
à bientôt 🙂
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C’est vrai ? Mince, je n’ai pourtant pas trouvé l’image de Crochet très flatteuse dans ce livre : c’est le cliché du français précieux, non ? ^^
Mais j’avoue qu’il est marquant et sa profondeur psychologique est assez géniale, je ne m’y attendais pas !
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On sent vraiment qu’il est pas sorti du même tonneau que tout le monde comme il dirait, et il le sait 😀 . C’est surtout ça qui peut le rendre extrêmement détestable, ce côté très précieux qui peut vraiment être apparenté à de la prétention.
Il est sûrement le plus complexe dans son fonctionnement et est un des personnages les mieux travaillés dans ce livre pour ce que j’ai pu constater 🙂 après le disney lui rend pas grâce 🙂 mais il me faisait rire c’est pour ça qu’il à longtemps été mon personnage préféré.
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J’ai très envie de le lire aussi, mon frère avait une adaptation en bande dessinée qui était assez sombre, je ne m’en souviens plus trop mais à l’époque je n’avais pas eu envie de la continuer car ce n’était pas aussi « beau » que le Disney ^^
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