Eh oui, tout comme il nous est déjà arrivé d’avoir affaire à un spectateur insupportable qui parle trop fort et tape dans les sièges au cinéma, il nous est tous aussi déjà arrivé de rencontrer des lecteurs insupportables qui ne savent pas qu’il y a quelques règles de base à respecter pour ne pas froisser un lecteur digne de ce nom. Je vous propose donc d’établir un petit « Code du lecteur civilisé » afin de remettre les pendules à l’heure !
I
C’est la règle de base, la plus simple, la plus évidente : le spoil, c’est le mal ! Dévoiler la fin d’un livre à quelqu’un qui ne l’a pas encore lu est le pire affront qu’on puisse faire à un lecteur. Avouez, vous avez déjà tous eu cette peur, un jour, quand vous discutez avec quelqu’un qui connaît déjà votre lecture en cours, qu’il vous lance quelque chose comme : « Hé, t’as vu la mort de Truc au chapitre 4 ? J’étais tellement choqué ! ». Alors que ce soit par malveillance pure et simple ou juste par étourderie, je l’affirme haut et fort : le spoil est impardonnable ! Et je tiens à préciser à certains petits malins qui s’amusent beaucoup à ce jeu malsain depuis la popularisation de la série Game of Thrones notamment : la menace du spoil est aussi grave que le spoil lui-même ! Alors si vous voulez passer le reste de votre existence post-mortem dans un paradis rempli de livres, de coussins moelleux et de bains à bulles qui ne mouillent pas les pages, abstenez-vous de tout spoil.
II
Presque aussi important que le premier commandement la première règle, il ne faut jamais tirer brusquement un lecteur de son livre. Alors il se peut que vous ayez quelque chose d’important à lui dire ou qu’il soit temps pour le lecteur de refermer son livre, qu’il le veuille ou non, mais, dans ce cas, laissez-le au moins finir sa phrase/son paragraphe – bon, on pourrait dire son chapitre mais on ne va pas abuser non plus parce qu’il ne s’arrêterait plus du tout, là ! – avant qu’il ne vous accorde son attention. C’est la moindre des politesses, voyons : une émergence vers la réalité se fait en douceur.
III
Il est très courant, entre amis, de se prêter des livres les uns les autres et si, comme moi, vous avez une mémoire de poisson rouge et que vous aimez partager vos meilleures lectures, il se peut que vous soyez vite perdu sur qui vous a emprunté quoi. Donc, comme les bons comptes font les bons amis – oulah, je vois les rides apparaître rien qu’en écrivant ces mots, c’était une mauvaise idée –, c’est à l’emprunteur de ne jamais, ô grand jamais oublier qu’il a un livre à rendre car, si le prêteur s’en souvient un jour et pense que vous avez essayé de le flouer, vous vous serez fait un ennemi mortel !
IV
C’est trop facile de dire : « Baah ! J’aime pas ! » en refermant un livre et en le jetant au loin mais si vous n’avez pas aimé, c’est qu’il y a des raisons. Alors plutôt que de dire : « C’est trop de la daube » au risque de vexer votre interlocuteur si celui-ci a aimé, expliquez donc ce qui ne vous a pas plût à la lecture de ce livre. Il y a forcément une raison à votre dégoût, quel qu’en soit le degré et vous serez d’autant plus écouté par un auditoire réceptif à vos arguments, qui abondera peut-être même dans votre sens si vous lui pointez quelques faiblesses qui le dérangent aussi. Vous aurez alors eu une conversation littéraire constructive plutôt qu’une dispute idiote – et soit-dit en passant, ça marche aussi pour les livres que vous avez aimé parce que juste dire : « Lis ça, c’est trop bien » n’est pas très vendeur.
V
Eh oui, il est toujours frustrant de voir un livre que l’on aime abîmé, corné, déchiré, gribouillé… Et ça l’est encore plus quand vous savez que c’est quelqu’un que vous considériez – oui, oui, au passé ! – comme un ami qui a fait subir cet outrage à votre livre chéri. Bon, je ne dis pas, on prend généralement tous soin des livres qu’un ami nous prête – on n’irait pas jusqu’à gribouiller dessus, c’est vrai – mais d’une, c’est très simple de se laisser aller à le glisser dans notre sac plein de bazar au risque de le corner et de deux, la règle s’applique aussi aux livres de bibliothèque. Car, oui, j’en ai vu plus d’un des livres de bibliothèques complètement ravagés par des utilisateurs irrespectueux donc on est gentil, on est soigneux.
VI
Parce qu’il serait égoïste de garder de petites perles pour soit, un bon lecteur se doit de partager ses plus belles découvertes à un maximum de personnes – ou, au moins, à ceux de son entourage qui aiment lire, c’est déjà un bon début – et ainsi partager vos joies avec les autres mais aussi faire prospérer les auteurs qui vous ont apporté tant de bonnes choses. Certes, si c’est un classique que vous venez de lire, l’auteur n’a pas franchement besoin de votre aide mais s’il vous arrive de lire des petits auteurs encore méconnus, croyez-moi, le bouche à oreille est leur meilleure pub alors partager votre expérience de lecture autour de vous lui sera extrêmement bénéfique.
VII
Eh oui, même entre meilleurs amis, il se peut que vous ayez parfois de profondes divergences de goût. Dans ce cas, ne vous braquez pas et acceptez tout simplement que d’autres apprécient ce que vous n’aimez pas. Beaucoup de personnes ont critiqué les littératures de l’imaginaire en affirmant qu’elles étaient trop infantiles et éloignées de la réalité mais, en attendant, combien de jeunes se sont mis à lire avec Harry Potter ou une œuvre de fantasy ? De même, je ne peux personnellement pas supporter l’engouement autour de Fifty Shades of Grey dont le style d’écriture me donne des frissons – et pas d’excitation, ceux-là, désolée ! – mais après tout, j’aime mieux voir des gens lire du E.L. James que de ne pas les voir lire du tout.
VIII
Je ne dis pas qu’un bon lecteur ne peut avoir d’autres activités, au contraire, chacun peut gérer son épanouissement personnel comme bon lui semble. En revanche, je suggère qu’un bon lecteur devrait, en toutes circonstances, prôner les bienfaits de la lecture, encourager les indécis à s’y mettre, tenter de convaincre les plus réticents que « les livres, ce n’est pas si mal » et suggérer à tous ceux qui s’ennuient ou végètent devant la télévision qu’ouvrir un livre pourrait leur faire passer un bon moment.
Voilà donc les 8 idées de règles que j’avais à vous proposer pour constituer un « Code du lecteur civilisé ». Et bien sûr, si jamais vous le souhaitez, surtout, n’hésitez pas à en proposer d’autres : les commentaires sont là pour ça ! En espérant avoir pu faire un premier pas vers un monde encore plus favorable à nos instincts de lecteurs, je vous dis à bientôt.
J’adore!!! Très complètes tes règles, pour l’instant je ne vois rien à ajouter 🙂
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Haha c’est tellement vrai ^^
Surtout la n°2, je suis incapable de stopper ma lecture en cours de chapitre, donc ça ne sert à rien d’essayer de me parler avant que je l’ai décidé hihi. Ce qui est assez agaçant pour l’entourage j’en conviens 🙂
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J’ai un entourage plutôt très compréhensif là-dessus, qui accepte patiemment le vent le temps que je finisse ma phrase, mais je compatis ! ^^
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3 est tellement bien! J’ai un livre que je bataille depuis un an pour récupérer, mais je note tout mes prêts comme ça pas « d’oubli malheureux » ^^ et pour « tu traitera le livre de ton voisin comme tu voudrais qu’on traite le tien », je mettrai plutôt « tu traitera tous les livres comme le saint Graal », je prête souvent des livres à ma mère et elle n’est pas très soigneuse avec ses propres livres du coup selon la valeur du livre je lui indique quel niveau de maltraitance j’accepte, en dehors des occasions c’est tolérance zéro!
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Ahah, j’aime beaucoup la comparaison au Saint-Graal : je vois vraiment le lecteur, sur un genoux, éclairé par une lumière divine avec un chœur chantant un « Haaa » céleste en fond sonore !
C’est vrai que je n’avais pas pensé aux lecteurs qui ne prenaient pas soin de leurs propres livres (malheur à eux !), mais je trouve ton échelle de tolérance très juste, je crois que j’adopterais la même dans ton cas :p
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Ah oui le spoil… Ça c’est vraiment une horreur. Je me suis fait spoiler la fin de Divergente par, tiens-toi bien… Ma bibliothécaire (Tu verras la fin est juste super triste, Y a truc qui meurt) Après ça j’avais plus le cœur à lire le livre….
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Mince alors ! Je n’imagine pas la tête que tu as du tirer ! La bibliothécaire est quand même bien la dernière personne dont on attendrait ce genre d’indiscrétions^^’
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J’ai lu les deux premiers tomes de Divergente mais jamais le trois… Pourtant il faudra bien que je m’y mette le film sort bientôt. Et puis une de mes amies l’a lu donc c’est un peu plus motivant.
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